Bordeaux : Une chercheuse découvre un manuscrit inédit de Montaigne

Bordeaux : Une chercheuse découvre un manuscrit inédit de Montaigne

La chercheuse bordelaise Evelien Chayes, responsable du projet SION Digit à l’institut de recherche et d’histoire des textes, une unité du CNRS, se souvient bien de la journée où elle a découvert par hasard un texte écrit par le grand écrivain et philosophe Michel de Montaigne. On est en juin 2022 et elle dépouille des actes notariés du XVIe siècle aux archives départementales de la Gironde, quand elle tombe sur un paquet fermé avec une couture en fil, comme cela était d’usage à l’époque.

Familière des écrits de Montaigne, elle comprend vite que les documents sont liés à l’ancien maire de Bordeaux. « J’ai vu l’écriture de Montaigne alors que la couture n’était pas encore détachée, je faisais très attention, raconte-t-elle. C’est un peu intimidant, c’est tout un document et on n’a pas la chance de trouver tous les jours un texte autographe de Montaigne. » Une fois la couture retirée, elle a pu étudier les documents avec l’aide du spécialiste Alain Legros, avec lequel elle a coécrit un article publié ce mois-ci dans la revue Bibliothèque d’humanisme et renaissance.

Les actes notariés ficelés, datés de 1584, concernent des contrats passés avec des artisans pour le projet de construction d’un chai aux Chartrons, près du château Trompette, porté par Michel de Montaigne, alors maire de Bordeaux. On sait que ce projet sera instrumentalisé par les ultra-catholiques pour dénigrer l’édile et essayer de remettre en cause sa réélection, en vain. A cette époque des conflits émaillés de violences animent les relations entre catholiques et protestants et on est à la veille de ce qui est appelé la 8e guerre de religion (1585-1598).

Un brouillon de lettre au dos d’un acte notarié

Un texte manuscrit se trouve au dos de l’un de ses actes notariés, c’est le brouillon d’une lettre dont la version définitive a disparu. C’est une découverte importante rien que parce que seule une vingtaine de lettres écrites de la main de Montaigne ont traversé l’Histoire.  « On le voit se corriger et il fait de son mieux pour une missive efficace qui ne va pas froisser son interlocuteur », commente Evelien Chayes. Si elle a été marquée par la netteté et la belle graphie des lettres autographes qu’elle connaissait déjà, elle souligne que le brouillon, avec ses ratures et ses corrections, détonne. 

La lettre est adressée au duc d’Epernon, alors favori du roi Henri III, qui campe sur la rive droite de la Garonne mais rechigne à faire son entrée dans la capitale girondine sans être sûr qu’on lui réserve un accueil en grande pompe, comme précédemment à Orléans et Poitiers. Avec son escorte de 500 gentilshommes, le duc n’attend pas moins que des tirs de canon pour célébrer son arrivée. Montaigne prend un soin particulier à lui écrire pour le rassurer et le flatter, avec succès.

« Le duc d’Epernon allait jouer un rôle important pour convaincre le futur roi Henri IV d’être du côté d’Henri III, contre les ultras catholiques et pour ensuite qu’il se convertisse au catholicisme », analyse la chercheuse. Si la 8e guerre de religion n’est pas empêchée, elle estime que par ses talents de diplomate, Montaigne, catholique, « a contribué à éviter des violences ». Le manuscrit, qui tient sur une demi-feuille, a retrouvé sa place aux archives après avoir été analysés par les experts. 

L’exemplaire original des Essais inscrit à l’Unesco

Par ailleurs, l’Unesco vient d’inscrire l’exemplaire original des Essais, entièrement annoté par Montaigne, au prestigieux registre Mémoire du Monde. Depuis janvier 2018, les conservateurs de la bibliothèque municipale de Bordeaux et un comité scientifique (dont font partie Evelien Chayes et Alain Legros) travaillent à la reconnaissance de cette œuvre comme patrimoine mondial.

L’auteur des Essais avait travaillé avec Marie de Gournay sur une édition de 1588 pour préparer une nouvelle édition (il meurt en 1592 et la dernière édition sera publiée posthume, en 1595). « Cet exemplaire fourmillant de corrections et d’additions manuscrites est conservé à la bibliothèque Mériadeck de Bordeaux, explique Evelien Chayes. On l’appelle « Exemplaire de Bordeaux ». Il est très précieux car il montre la genèse de l’œuvre. »

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