JMJ : des jeunes catholiques fervents et à contre-courant, notre sondage exclusif

JMJ : des jeunes catholiques fervents et à contre courant, notre sondage exclusif

Fervents et à contre-courant. Voilà en deux mots le profil spirituel et politique des plus de 30 000 jeunes catholiques français qui se rendront à Lisbonne cet été pour l’édition 2023 des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ).

Le sondage commandé par La Croix fait état d’une jeunesse très pieuse : 80 % répondent prendre un moment pour prier ou méditer ; 75 % disent assister à la messe au moins une fois par semaine, dont 24 % plusieurs fois par semaine.

« Nous assistons à un rapport très fort à la messe et des catholiques qui sont façonnés par la messe »,résume le sociologue du catholicisme Yann Raison du Cleuziou (1). De fait, interrogés sur leurs attentes à l’égard des célébrations dominicales, les jeunes sondés répondent en priorité qu’ils y cherchent « un moment de rencontre intime avec Jésus et de ressourcement spirituel​ » (47 %) et « la célébration d’un mystère sacré »​ (24 %). Cela traduit l’aspiration d’un face-à-face avec Dieu plus que d’un moment de célébration collective, ce qui aurait davantage été l’apanage de générations précédentes, note le sociologue.

« La messe occupe une place centrale dans leur vécu spirituel et donc dans leur identité », ajoute-t-il, qui relève l’intérêt porté par ces jeunes au rite tridentin : 19 % la trouvent « ressourçante » de temps en temps ; 11 % l’aiment autant que la messe en français ; et 8 % la préfèrent. Finalement, seuls 12 % y voient « un retour en arrière inutile ».

Une telle proximité avec le rite préconciliaire peut étonner. Cette fluidité entre les rites n’est cependant pas nouvelle, bien qu’accentuée. « Les jeunes ne se sentent pas concernés par les querelles conciliaires », note Yann Raison du Cleuziou. « C’est le fait d’une jeunesse catholique très décloisonnée, pour qui il n’est pas rare d’avoir été attaché au rite traditionaliste à un moment donné. »

Les personnes sondées ont, pour la moitié (51 %) d’entre elles, déjà pensé à devenir prêtre ou religieux (se) – et même « très sérieusement » pour un quart des jeunes hommes. Ils considèrent (à 56 %) comme « valorisant d’être identifié comme catholique auprès des jeunes de leur génération »​.

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Une posture désinhibée qui va de pair avec une logique minoritaire, dont le pendant est un « rétrécissement de la base sociale du catholicisme », estime Yann Raison du Cleuziou. De fait, 87 % des sondés appartiennent à une catégorie socioprofessionnelle supérieure (CSP +).

L’historien Charles Mercier confirme. Auteur d’une Histoire des JMJ (2), il rappelle que les Journées mondiales de la jeunesse ont toujours davantage attiré les catholiques convaincus, « à cause du coût financier, de l’investissement humain et de la nécessité d’anticipation » que représente un tel séjour. Les plus représentés sont donc naturellement les plus pratiquants et les plus proches de l’institution.

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Outre l’aspect financier – aller aux JMJ de Lisbonne pour un jeune du doyenné de Roubaix coûte 900 € tout compris, par exemple –, les jeunes les plus susceptibles d’être sensibilisés à cet événement sont issus des CSP supérieures. « Ceux qui ont accès à des services d’aumônerie puissants sont ceux qui font des études et font donc partie de catégories supérieures avec de forts capitaux sociaux », précise Charles Mercier. Ce n’est que lorsque les JMJ ont lieu dans le pays de résidence du fidèle qu’elles peuvent attirer beaucoup plus largement parmi la population.

Une jeunesse contestataire

Cette illustration de la « gentrification du catholicisme » soulignée par Charles Mercier s’est accentuée avec le temps. L’historien relève ainsi qu’aux JMJ de Madrid, en 2011, on comptait « seulement » 45 % de jeunes appartenant à un foyer CSP +.

La répartition des jeunes inscrits aux JMJ sur l’échiquier politique suit cette même logique, avec 52 % qui sont de sensibilité de droite (38 %) ou d’extrême droite (14 %), 8 % au centre, 7 % à gauche, et 5 % écologistes​. « Ce n’est pas le catholicisme qui bascule vers la droite mais le catholicisme de droite qui se perpétue mieux que le catholicisme de gauche », analyse Yann Raison du Cleuziou.

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Or, ce conservatisme catholique se radicalise à mesure que les changements sociétaux s’additionnent. « Paradoxalement, ce conservatisme n’en fait pas des gardiens de l’ordre établi mais plutôt des contestataires », souligne le sociologue.

Le sondage montre en effet que ces jeunes n’attendent pas de l’Église qu’elle change. Le rôle qu’elle devrait avoir dans la société ? Ils sont 59 % à avoir répondu « un phare qui montre le chemin dans les ténèbres »​. Leur confiance en l’institution peut sembler dissonante avec les multiples révélations de violences sexuelles ces dernières années.

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Un tiers (35 %) estime que « les abus sont la conséquence de personnalités perverses qui ont trompé l’Église et trahi leur vocation ». Une vision qui semble réfuter l’aspect systémique des abus. « Leur représentation de la crise est celle qui remet le moins en cause les structures institutionnelles de l’Église », souligne Yann Raison du Cleuziou.

Quant à la place des femmes dans l’Église, les deux réponses qui remportent le plus d’adhésions sont aussi celles qui appellent le moins au changement. Un tiers des sondés (33 %) pensent que « les femmes ont suffisamment de reconnaissance dans l’Église » et 31 %, que « les femmes devraient bénéficier de plus de reconnaissance (…) sans qu’il soit besoin de modifier l’accès au diaconat ou au sacerdoce », réservé aux hommes​.

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Le sondage montre en revanche un positionnement plus nuancé quant à la place attribuée aux personnes homosexuelles. S’ils sont 28 % à penser « qu’elles ont toutes leur place dans l’Église », et 25 % à penser que « les catholiques ne doivent pas être jugés ou identifiés en fonction de leur orientation sexuelle »​, ils sont également un tiers à estimer qu’elles ont « toute leur place dans l’Église dans la mesure où elles ne promeuvent pas l’’homosexualité comme égale à l’hétérosexualité ». Enfin presque 20 % de ces jeunes jugent « qu’on ne peut être catholique et pratiquer son homosexualité ».

Ces jeunes catholiques qui se rendent aux JMJ, en majorité conservateurs et très pratiquants, confiants vis-à-vis de l’Église mais moins vis-à-vis du monde qui les entoure, s’inscrivent naturellement dans le sillage de ceux qui les ont précédés, note Charles Mercier. Ce rassemblement attire de fait des catholiques convaincus, qui souhaitent vivre une expérience fondatrice dans leur foi, précise l’historien, mais aussi rassurante : « Ce rassemblement est une occasion unique de communion dans une même foi à travers une grande foule, alors qu’ils vivent dans des sociétés devenues de plus en plus plurielles et sécularisées. »

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Les coulisses du sondage

Le sondage publié en exclusivité par La Croix a pris la forme d’un questionnaire en ligne adressé aux jeunes inscrits aux JMJ 2023 (30 164 inscrits)​.

Il a été envoyé entre le 7 et le 11 mai 2023 par la Conférence des évêques de France (CEF), les communautés de l’Emmanuel, du Chemin-Neuf et de Saint-Martin à leurs inscrits.

Parmi les 4 028 répondants aux réponses complètes, 3 111 questionnaires ont été traités après application des quotas sur les critères de sexe et de région (Paris et province)​.

Cet échantillon conséquent est donc très représentatif. Une tentative d’obstruction menée sur les réseaux sociaux par un prêtre n’ayant manifestement pas compris l’objectif du sondage, a conduit La Croix à clôturer la réception des réponses de manière anticipée.

La réalisation du questionnaire et le traitement des résultats ont été assurés par le bureau d’études de Bayard, groupe dont La Croix fait partie.

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