Alors que le terme « cathare » est encore largement employé, l’expression fait débat au sein de la communauté d’historiens depuis quelques années. Quelle est la réalité historique derrière cette appellation ? En quoi ce terme a-t-il été selon certains historiens, entièrement inventé par l’Église catholique pour justifier sa répression au 13e siècle ? Quelles croyances, organisations et pratiques se cachent derrière ces communautés résistantes dans le sud de la France à cette époque ?
Des formes de résistance à l’Église catholique romaine
Au 12e siècle, l’Église catholique de Rome se lance dans une vaste campagne pour mettre au pas les communautés locales qui désobéissaient à son modèle et refusent ses injonctions. Cependant, des débats fleurissent sur la réelle hérésie de ces communautés. Comme l’explique Julien Théry, archiviste-paléographe, professeur à l’Université Lyon 2, spécialiste de l’histoire des hérésies au Moyen Âge, la seule certitude est l’existence “de gens qu’on appelle les bons hommes et les bonnes femmes. C’est l’un des rares éléments que l’on peut affirmer avec certitude sur les manières de vivre le rapport à Dieu dans ces communautés-là ». Les historiens remettent en question les arguments avancés par l’Église : « on a un rejet de la normalisation imposée par une institution romaine en cours d’édification. Elle va rencontrer des résistances partout dans la chrétienté, mais elles vont être beaucoup plus fortes dans certaines régions qui, comme par hasard, n’ont pas d’autorité centrale très prononcée, où il y a une concurrence des pouvoirs et où les cités, c’est-à-dire les villes, s’autogouvernent”.
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Le Cours de l’histoire
58 min
Le monopole du clergé sur les sacrements
L’enjeu politique, comme le rappelle Julien Théry, se place autour de la révolution sacramentelle. Avant celle-ci, il n’était pas spécifié que seule une petite catégorie de la population, les clercs, pouvait procéder à ces gestes médiateurs. “Le monopole du clergé sur les sacrements est le point de crispation qui fait que l’Église catholique va traiter d’hérétiques ces fameux « bons hommes ». Va se mettre en place un système qui durera jusqu’à la fin de l’Ancien Régime : désormais l’organisation du culte, du rapport à Dieu, est déterminée socialement par la distinction claire entre les clercs et les laïcs. L’une a le pouvoir sur l’autre. La capacité exclusive à donner des sacrements, à faire la médiation avec le divin, crée de fait un ascendant du clergé. Dans les endroits où l’Église n’a pas les moyens de pouvoir d’imposer ces changements par la force, naissent des formes de résistance.”
La Fabrique de l’Histoire
52 min
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