«Pourquoi avoir attendu quarante-cinq ans avant de témoigner et de révéler les faits ?», s’est interrogé l’ancien chef de l’établissement privé mis en cause, théâtre de nombreuses agressions sexuelles sur mineurs, entre 1958 et 1995.
Ses déclarations ont scandalisé les victimes. Plus de deux semaines après la révélation, fin août, des viols et abus sexuels commis entre 1958 et 1995, à Nantes (Loire-Atlantique), au collège-lycée Saint-Stanislas, l’ancien directeur de cet établissement de l’enseignement catholique se trouve désormais sous les fourches caudines. À la tête du groupe scolaire entre 1976 et 1998, Dominique Pervenche a laissé entendre, le 14 septembre, dans un entretien à Ouest France, que la perspective de compensations financières pourrait avoir contribué à faire sortir du bois des victimes, plus de vingt ans après les dernières violences recensées.
«On sait très bien que quand il y a une indemnisation possible, ça stimule certaines initiatives», a affirmé Dominique Pervenche à nos confrères. L’ex directeur de Saint-Stanislas – qui a également été élu municipal à Nantes dans les années 1980 – ne remet pas en question les plus de 70 témoignages recueillis par la cellule d’écoute du diocèse – précisant même que l’un des prêtres mis en cause était connu pour «bien aimer les garçons». Il s’interroge, cependant. «Il y a certainement eu des choses, je ne le nie pas, mais pourquoi avoir attendu quarante-cinq ans avant de témoigner et de révéler les faits ?», a-t-il ajouté en s’étonnant de l’absence de toute plainte et de tout signalement au cours des dernières décennies. Dans un précédent entretien accordé à Presse Océan, le directeur retraité précisait, noir sur blanc, n’avoir jamais été informé d’abus sexuels au sein de l’établissement.
«Insinuations insupportables»
Les commentaires de l’ancien directeur de l’établissement catholique nantais ont fait bondir l’une des victimes qui avait accepté, début septembre, de dévoiler au quotidien régional les sévices subis lors de sa scolarité à Saint-Stanislas. « Dire ça, c’est laisser supposer que l’on est, soit indemnisé à tort pour un préjudice imaginaire ou, plus grave encore, que nous aurions accepté d’être violés en escomptant un gain futur», s’est indigné – dans les colonnes de Ouest France, Christophe S., aujourd’hui sexagénaire et révolté face aux «insinuations insupportables» de Dominique Pervenche.
Le diocèse de Nantes et la direction de l’enseignement catholique de Loire-Atlantique ont lancé un appel à témoignages, le 29 août dernier, pour recenser d’éventuelles nouvelles victimes du groupe d’au moins six personnes, dont cinq prêtres, à l’origine de «sévices épouvantables», dont des viols, des attouchements et des agressions sexuelles, commis au sein de Saint-Stanislas entre 1958 et 1995. Au moins dix victimes avérées, dont neuf garçons, ont pour l’heure été dénombrées. Elles étaient toutes mineures au moment des faits.
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