Louise d’Orléans, reine belge et figure de l’Europe romantique, se dévoile à Chantilly

Louise d’Orléans, reine belge et figure de l’Europe romantique, se dévoile à Chantilly

Elle est la sœur du duc d’Aumale, fondateur du musée Condé, et première reine des Belges : Louise d’Orléans est actuellement mise à l’honneur au château de Chantilly par le biais d’une exposition qui lui est entièrement consacrée. Exposition qui a d’ailleurs reçu la visite, le 16 octobre dernier, du roi et de la reine des Belges, accompagnés du couple Macron.

Un honneur qu’il était temps de lui rendre, tant cette reine est inconnue en France et méconnue en Belgique. « Elle y est souvent dépeinte comme une princesse française partie en pleurant en Belgique, et qui est morte très jeune, entourée des siens en pleurs… explique Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine et directeur du musée Condé. Un portrait qui n’est donc pas très joyeux. À l’inverse de son mari, Léopold 1er, elle est toujours restée dans l’ombre. »

Louise d’Orléans par Ary Scheffer
Louise d’Orléans par Ary Scheffer – (Fed Haslin)

Grâce à des pièces des collections du musée Condé, pour la plupart jamais présentées, et à des prêts provenant des archives du palais royal de Bruxelles, de bâtiments officiels belges et de collections privées, Louise d’Orléans est enfin dépeinte pour ce qu’elle était : une personnalité politique et une grande collectionneuse. Cette exposition, que Chantilly préparait depuis 2021, partira d’ailleurs pour Namur au mois de mars.

5 frères et 2 sœurs

C’est en 1812, sur l’île de Sicile qui sert de refuge à la famille royale des Bourbon-Sicile (la France est alors dirigée par Napoléon Ier), que naît Louise, deuxième enfant de Louis-Philippe, duc d’Orléans et futur roi, et de Marie-Amélie de Bourbon-Sicile. « Elle est nommée ainsi en l’honneur du futur Louis XVIII, qui est son parrain. » Le couple aura huit enfants survivants, cinq fils (dont Ferdinand-Philippe, prince royal de France) et trois filles, « tous très éduqués, préparés pour avoir des rôles importants sur la scène européenne. Les garçons étaient éduqués au lycée Henri IV et les filles par des précepteurs, de manière plus classique. Mais elles étaient éduquées à tout : arts, sciences, littérature, histoire… »

Tout comme sa sœur Marie (qui deviendra la première sculptrice romantique française), elle suivra les enseignements du peintre Ary Scheffer et de Pierre-Joseph Redouté. « Mais elle n’avait pas le même coup de crayon que Marie. Une fois reine, elle délaissera le dessin car elle passait son temps à écrire. Elle passait 3, 4, 5 heures de ses journées à écrire des lettres. Nous en avons ainsi près de 30 000 adressées à sa mère. Mais cette scribomanie fut notre atout principal car elle nous a permis de tout savoir. Elle y parle certes de sa santé, de la pluie et du beau temps. Mais elle y parle aussi politique, art et diplomatie. Nous avons passé des mois et des mois à dépouiller cette petite écriture déliée pour en sortir toutes ces informations, pour la plupart inédites. »

Un mari de 20 ans son aîné

La famille revient en France en 1817 et, en 1830, lors de la révolution de Juillet, le père de Louise, Louis-Philippe d’Orléans, devient roi. « Ses enfants deviennent de ce fait les héritiers du royaume. Et des atouts, pour la monarchie, de s’installer en Europe. » En provoquant la sécession des provinces méridionales du royaume des Pays-Bas, la révolution belge de 1830 porte justement Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha sur le trône du tout nouveau royaume de Belgique. Ce dernier est veuf, après avoir perdu son épouse, Charlotte de Galles, héritière du royaume anglais, en couches avec leur premier né. « Louis-Philippe soutient la montée de Léopold de Saxe-Cobourg à condition qu’il épouse sa fille aînée ». Et qu’importe qu’il ait 20 ans de plus que Louise…

Tabatière commémorative du mariage de Louise d’Orléans
Tabatière commémorative du mariage de Louise d’Orléans – (Fred Haslin)

Le mariage a lieu en 1832 au palais de Compiègne. Après trois jours de festivités, Louise prend la route de la Belgique « et elle est très accablée. Sa famille aussi d’ailleurs. Sa sœur Marie la dessine partant avec son baluchon et l’offre à leur père. Ce petit dessin, qui est dans les collections du musée Condé, a eu un grand succès. Marie en a alors fait des lithographies qu’elle a distribuées aux membres de la famille pour exprimer le chagrin, le manque. »

Portraits en pied de la princesse Louise vue de dos par Marie d’Orléans
Photo Fred Haslin
Portraits en pied de la princesse Louise vue de dos par Marie d’Orléans
Photo Fred Haslin – (Fred Haslin)

Elle devient une reine discrète, mais populaire »

Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine et directeur du musée Condé

À son arrivée, Louise commence par trouver les Belges « un peu candides. Mais elle va s’attacher peu à peu aux gens. Elle devient une reine discrète mais populaire, et installe progressivement une vie de cour en Belgique ».

Louise servira rapidement d’intermédiaire entre Bruxelles et Paris. Un rôle méconnu sur le plan politique et diplomatique, tout comme son goût pour l’art. « Elle collectionnait les dessins des artistes qu’appréciait sa famille comme Gudin, Fort, ou encore Granet. Elle aimait aussi les peintres orientalistes comme Dauzats et Decamps. Et bien évidemment elle collectionnait les dessins réalisés par les membres de sa famille, notamment ceux de Marie. » Une collection qu’elle affichait non pas dans des galeries, mais de manière plus intime, dans des albums romantiques méconnus. C’est aussi elle qui lancera la carrière de Franz Xaver Winterhalter, portraitiste attitré des cours européennes durant le deuxième tiers du XIXe siècle.

Albums romantiques de Louise d’Orléans
Albums romantiques de Louise d’Orléans – (Fred Haslin)

Leur premier enfant décède à 10 mois

Louise et Léopold auront quatre enfants. Mais leur premier-né, Louis Philippe, décédera en 1834 à l’âge de dix mois. Il est représenté au centre d’un immense tableau de François-Joseph Navez, exposé pour la première fois en France, Le Sommeil de Jésus ou Le Mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie. « C’est le chef-d’œuvre de l’exposition. Navez était un peintre belge, élève de Jacques-Louis David. ; un immense coloriste très marqué par Raphaël. » Commandé en 1833 par Léopold pour marquer la naissance de leur fils, ce tableau était destiné à orner la chapelle catholique de Louise. Mais nul doute qu’après la mort de l’enfant, il fut regardé différemment. « À la mort de Louise, il fut donné par son mari à l’église d’Houyet, qui était en construction pas loin de l’un de ses châteaux. Léopold ne supportait plus de voir ce tableau qui renfermait un drame. »

Au fond, Le Sommeil de Jésus ou Le Mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie par François-Joseph Navez
Au fond, Le Sommeil de Jésus ou Le Mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie par François-Joseph Navez – (Fred Haslin)

Au fond, Le Sommeil de Jésus ou Le Mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie par François-Joseph Navez
Au fond, Le Sommeil de Jésus ou Le Mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie par François-Joseph Navez – (Fred Haslin)

Louise décédera prématurément en 1850 à l’âge de 38 ans. « Elle a eu une santé fragile toute sa vie et meurt à Ostende où elle se trouvait pour prendre l’air de la mer. » Un tableau de Joseph Meganck la représente ainsi, entourée des siens, alors qu’elle pousse son dernier soupir dans une petite chambre. « Elle repose comme une sainte, dans un halo de lumière alors que l’obscurité a envahi la pièce. » On peut y voir son mari et leurs trois enfants, mais aussi la famille d’Orléans en exil, venue tout droit d’Angleterre.

« Louise d’Orléans, première reine des Belges. Un destin romantique ». Exposition au musée Condé, château de Chantilly, jusqu’au 16 février 2025. Tous les jours de 10h à 17h sauf le mardi. Tarifs : 18€ plein et 14, 50€ réduit (billet 1 jour château, parc, grandes écuries, expositions temporaires)

Les bracelets romantiques de la reine des Belges

Par Sylvie Molines

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Ils ont été récemment acquis par le musée Condé : deux bracelets appartenant à Louise d’Orléans et venant des collections royales belges, sont à admirer dans la dernière salle de l’exposition. Le premier, un bracelet en or et gemmes, aux pendants en forme de cœur, porte sur son fermoir l’inscription April 3rd 1844. « C’est un cadeau de la reine Victoria d’Angleterre à Louise pour son anniversaire » souligne Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine et directeur du musée Condé. Chaque médaillon comporte à l’intérieur les initiales et les cheveux des frères et sœurs de Louise.

Bracelet aux pendants en forme de cœur
Bracelet aux pendants en forme de cœur – (Fred Haslin)

Le second, un bracelet en or et gemmes également, se compose de pendants formés d’yeux en miniatures, d’après le portraitiste Franz Xaver Winterhalter, « On sait que Louise n’a pas connu le bracelet dans son intégralité. Elle possédait certains de ces médaillons, mais pas tous. C’est son fils, le comte de Flandre, qui l’a complété pour en faire ce qu’on appelle, comme pour le premier bracelet, un bijou de sentiment. » Privé de la plupart des siens depuis son mariage, Louise pouvait ainsi « avoir autour du cou ou du poignet sa famille. C’est le bijou romantique par excellence, un bracelet acrostiche. Les médaillons sont ornés de pierres précieuses dont les premières lettres forment le prénom de la personne représentée à l’intérieur. »

Bracelet aux pendants en forme d’yeux en miniatures d’après Franz Xaver Winterhalter
Bracelet aux pendants en forme d’yeux en miniatures d’après Franz Xaver Winterhalter – (Fred Haslin)

Le cabinet des gemmes du musée Condé possédait, jusqu’en 1926, plusieurs bijoux de sentiment ayant appartenu à la duchesse d’Aumale. « Ils ont tous été volés (NDLR : par Arsène Lupin) et jamais retrouvés car fondus. Cette acquisition est donc pour nous l’occasion de reconstituer cette collection de bijoux romantiques. Et c’est aussi un heureux hasard qui résume parfaitement cette exposition : l’obsession familiale de Louise ; son rôle pivot entre l’Angleterre, la France et la Belgique ; et le fait qu’elle était une des reines romantique par excellence. »

L’hommage à sa mort avant l’oubli

Par Sylvie Molines

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À la mort de la reine, une sorte de « Louisemania » semble s’emparer du peuple belge : « les traces de cette sainte romantique sont pieusement conservées : ses mitaines, ses cheveux, ses chaussons de danse, les faire-part de son décès… » Nombreux sont également les sculpteurs et peintres à représenter la reine. Le tableau le plus particulier est sans nul doute celui de Jean-Baptiste Van Eycken, réalisé en 1851 : un portrait allégorique de la reine des Belges mourante, mélangeant tragique et mélancolie. Ce tableau, qui devait être présenté au Salon de Bruxelles de 1851 fut finalement retiré, sur demande du ministère de l’Intérieur, pour ne pas choquer la famille royale. Il fut présenté lors d’une exposition particulière « au cours de laquelle le droit d’entrée allait, dit-on, au profit des nécessiteux. »

Louise d’Orléans, reine des Belges mourante (1851, Jean-Baptiste Van Eycken)
Louise d’Orléans, reine des Belges mourante (1851, Jean-Baptiste Van Eycken) – (Fred Haslin)

Louise d’Orléans connaîtra ensuite une sorte « de progressive tombée dans l’oubli, même en Belgique. » Son souvenir sera toutefois perpétué par son fils, Léopold II, et surtout par son frère, le duc d’Aumale « qui avait un lien particulier avec la Belgique (NDLR: il passa même trois années d’exil à Bruxelles). C’est pour cela que l’on retrouve à Chantilly beaucoup de souvenirs de Louise. »

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