WEEK-END HISTOIRE. Saint Guilhem, moine de l’abbaye de Gellone, cousin de Charlemagne, avait fait la guerre aux Sarrasins

WEEK END HISTOIRE

Il y a 1200 ans, il avait bataillé contre les Musulmans dans le Sud de la France et en Espagne à la demande de Charlemagne. Et puis s’était retiré dans l’Hérault. Sa vie et sa mort sont un roman. Ou plusieurs.

C’est dans l’Hérault, à l’entrée du Cirque du bout du monde, surnommé aussi l’Infernet, « petit enfer » en occitan, que le chevalier Guillaume d’Aquitaine avait fini par poser ses valises et son âme bagarreuse dans les années 800.

En 804, peut-être, il y a 1220 ans. « C’est dans un vallon, à l’écart, qu’il avait choisi de se retirer pour être tout à Dieu », observe Monseigneur Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier, dans le très beau livre La grâce de l’abbaye de Gellone. « Il se retire dans une vallée inhospitalière, sauvage« … Un désert.

Voilà pour l’image d’Épinal qu’on a « dramatisée« , sourit Aude-Lise Theule, du service culture et patrimoine de la mairie de Saint-Guilhem-le-Désert. Le lieu, insiste-t-elle, n’est pas si isolé que ça. Sept kilomètres seulement le séparent de l’abbaye d’Aniane. Et si Guillaume est venu jusque-là, c’est justement sur les bons conseils de l’un de ses amis, le wisigoth Witiza, qui l’en convainc.

Cousin de Charlemagne

Witiza, plus connu aujourd’hui sous le nom de Benoît, fondateur en 782 du monastère d’Aniane, veut en ériger un autre dans le vallon de Gellone. Il en confie la suite à Guillaume. D’amis, ils deviennent voisins. Benoît avait arrêté sa carrière militaire près de trente ans plus tôt, pour devenir moine. Guillaume, lui, continuait à ferrailler pour Charlemagne, qui lui avait confié la mission de contrôler les Pyrénées, reprenant au fur et à mesure des territoires aux Musulmans, marchant dans les pas de son grand-père, Charles Martel.

Pourquoi lui ? Par devoir familial… Le CV de Guillaume est long comme le bras : sa mère est la sœur du roi Pépin le Bref, avant que celui-ci ne transmette le trône à son fils Charlemagne après l’avoir reçu de son père Charles Martel. C’est ce même Charlemagne qui confie donc à son cousin Guillaume la tâche de contrôler les Pyrénées.

Il n’était pourtant pas sur ses terres, lui le Bourguignon élevé à la cour du roi. C’est pour les besoins de la cause carolingienne qu’il est parachuté dans le sud de la France : il est mis à la tête du comté de Toulouse dans le royaume d’Aquitaine.

Son nom occitanisé

On occitanise alors son nom : Guillaume devient Guilhem. Il redevient pourtant Guillaume dans les 24 chansons de geste qui fleuriront après sa mort : ainsi naquit une seconde fois Guillaume, d’Orange cette fois, archétype du chevalier idéal et défenseur de la chrétienté au Moyen-Âge.

Les troubadours popularisent des légendes foisonnantes. Il aurait raflé Nîmes aux Sarrasins avec un stratagème : un charroi pénètre en ville rempli de tonneaux dans lesquels sont dissimulés des chevaliers. Il aurait aussi récupéré Orange, aurait tué Arneïs d’Orléans qui lorgnait la couronne de France, défendu le pape face aux Sarrasins.

Les légendes héroïques font évidemment fi des vérités historiques : le guerrier devenu moine aurait en fait repris les armes… Il aurait tour à tour tué un cannibale géant, vaincu le Diable sur le pont du même nom, été emprisonné en Sicile, aurait libéré Paris assiégé par le géant sarrasin Ysoré.

Guilhem est « à la fois un personnage historique et un héros romanesque devenu légendaire, si bien qu’aujourd’hui bien peu de gens savent distinguer ce qui provient de l’histoire de ce qui revient aux romans médiévaux dans le portrait contemporain de ce guerrier franc mort moine languedocien« , relève l’historien Matthieu Desachy.

La thèse juive

« Le peu de sources authentiques » a renforcé ce flou général, précise-t-il. Selon lui, on peut s’entendre sur une poignée de valeurs sûres : Guilhem, cousin de Charlemagne, a « bataillé avec férocité et sans pitié comme chef des armées du royaume d’Aquitaine contre les troupes gasconnes et sarrasines de Narbonne à Barcelone dans la dernière décennie du VIIe siècle ».

« Tout le reste est littérature, même si elle abonde : et voilà que naît par la plume Guillaume au Court-Nez, Guillaume Fièrebrace et même Guillaume d’Orange, héros aux exploits guerriers contre les Maures forgés par des écrivains fort imaginatifs, qui lui attribuent aussi des miracles tout aussi épiques.« 

La thèse défendue par l’historien américain Arthur J. Zuckerman en 1972 pousse le bouchon un peu plus loin encore : Guillaume serait bien le fils de la sœur de Pépin le Bref mais aussi celui d’un descendant juif du roi David, Makhir, rebaptisé Théodorit ou Thierry. Lequel aurait été nommé par Pépin comte de Toulouse, avant son fils Guillaume, pour mieux créer une principauté juive dans le Sud de la France, rempart au monde musulman. La vie est un éternel recommencement.

À lire : La grâce de l’abbaye de Gellone, Saint-Guilhem-le-Désert, éditions La nuée bleue.

L’actuelle abbaye n’est pas celle que fit construire Guilhem.
L’actuelle abbaye n’est pas celle que fit construire Guilhem. A. B.

« Par pénitence, il se faisait flageller »

Né autour de 750 et mort vers 812, Guilhem aura vécu une soixantaine d’années. Quinquagénaire, il se retire dans le vallon de Gellone.

L’abbaye actuelle n’est pas celle que fit construire Guilhem. Elle a été reconstruite au XIe siècle, victime de son succès et d’un double pèlerinage exigeant plus de faste : les gens venaient de toute l’Europe saluer Guilhem devenu Saint au Xe siècle et se recueillir devant la relique de la croix du Christ que Charlemagne aurait offerte à Guilhem.

« On dit que si on mettait bout à bout les morceaux de la croix du Christ il y aurait plusieurs croix« , sourit Aude-Lise Theule. « Les recherches de l’historienne médiéviste hongroise Edina Bozoky m’amènent à croire que la belle histoire de la transmission serait une légende inventée de toutes pièces pour rehausser la valeur de l’objet par rapport à d’autres parcelles de la Vraie Croix« , souligne Alice M. Colby-Hall. Même invention d’un hagiographe anonyme qui a écrit La Vie de Saint-Guilhem. Il affirme qu’en servant de boulanger, Guilhem a pénétré dans le four brûlant et en a retiré la braise à mains nues.

Guilhem a été enterré à même le sol dans l’église en guise d’humilité, sous l’escalier de l’orgue, avant peut-être d’être transféré dans la crypte. « Au moment des guerres de religion, les catholiques ont peur que les protestants s’emparent des reliques », souligne Aude-Lise Theule. « On les cache. Partiellement retrouvées au XVIIe siècle par les moines mauristes (un bras et le buste), elles seront, à la veille de la Révolution, confiées par petits bouts aux habitants… et finiront emportées par une crue en 1817. Il ne reste aujourd’hui que quelques fragments. »

Selon le témoignage d’Ardon en 822, moine de l’abbaye d’Aniane, « en tant que moine, Guilhem se distinguait par son humilité, son abnégation, sa piété et sa componction« . « Par pénitence, il se faisait flageller, et le froid glacial ne l’empêchait pas de passer la moitié de la nuit à prier tout seul, prosterné et presque nu. »

On lui prête des miracles après sa mort : il aurait pratiqué l’exorcisme, sauvé de la noyade un jeune homme qui venait en pèlerinage à son tombeau et obligé deux chevaliers pillards à restituer ce qu’ils avaient pris dans son abbaye. Ultime mystère entourant Guilhem ?

Que fit-il concrètement au sein de l’abbaye de Gellone ? « Il n’est en aucun cas certain qu’il fut réellement moine« , précisait le défunt conservateur du patrimoine Jean Nougaret, « même s’il partagea pendant les six dernières années de sa vie le quotidien de la communauté monastique d’Aniane puis, rapidement, de Gellone ».

Un fils, un frère, un mari, un père

Guilhem pourrait être mort selon certains textes le 28 mai 812. Il avait déjà perdu ses parents Thierry, comte d’Autun, et Aldane (Aude), ses deux épouses Cunégonde et Witburgh, ses frères Théodouin et Adalem, ses sœurs Albane (Aube) et Bertrane (Berthe).

Il a été écrit que ses sœurs avaient pris le voile à Gellone avant l’entrée en religion de leur frère, sans assurance de véracité.

Il aurait eu une dizaine d’enfants. Deux de ses fils ont repris son flambeau politique : Bernard de Septimanie fut comte de Toulouse et son frère Gaucelme comte de Roussillon.

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