Ils sont vert, bleu turquoise, rose fuchsia, orange ou blanc. Des dizaines de rubans vont bientôt flotter au vent, accrochés aux grilles situées sous le narthex (l’entrée « extérieure ») ou à l’entrée (près de la boutique) de la cathédrale Sainte-Croix. Baptisée « Les Rubans contre l’oubli », cette opération a été initiée l’an dernier par une ancienne victime, engagée dans la prévention au sein du diocèse (service Protection, éducation, prévention) et avec la bénédiction de ce dernier. Et c’est assez inédit en France. Le mouvement est né en Australie, il y a 10 ans.
Véronique Garnier se bat pour faire exister celles et ceux qui, comme elle, ont été sexuellement abusés par des membres du clergé.
« Ceux qui le souhaitent pourront écrire sur un ruban le prénom d’une victime d’abus, dans l’Église ou dans les familles, on prie pour tout le monde, et le nouer. Il y aura aussi des petites cartes pour écrire un mot. L’an dernier, on en a eu en anglais, en allemand, en espagnol, en italien… C’était bouleversant ! »
« De la douceur sur de la douleur »
L’année dernière, 350 rubans avaient été accrochés. Ils ont été précieusement conservés. « J’aimerais en faire quelque chose de joli », explique cette retraitée, qui rêve d’en faire des fleurs ou de les tisser. « Ces rubans, ça rend visible l’invisible. Ça met de la douceur sur de la douleur », résume Véronique.
L’opération démarrera jeudi 20 mars, vers 17 heures, jusqu’au 29 mars. Des rubans seront laissés à disposition des visiteurs, fidèles ou passants. Des permanences seront parfois tenues par des bénévoles. Nouveauté, cette année : un membre de l’Église protestante unie d’Orléans (temple de la rue de Bourgogne) se joindra à elle vendredi 21 mars, de 16 à 18 heures, devant la cathédrale. « C’est symbolique, ça montre qu’on se serre les coudes », estime cette battante.
Par ailleurs, une projection débat a été programmée aux Carmes. Le film documentaire « Les oubliés de la Belle Étoile » sera diffusé à 19 h 15, mercredi 26 mars. Il compile les témoignages de trois hommes abusés dans un centre de redressement, en Savoie, dans les années 1950 à 1970.
Concernant les commémorations, la Conférence des évêques de France a acté de dédier le 3e vendredi de Carême aux victimes d’abus dans l’Église. Soit le 28 mars.
« À Orléans, il y aura une messe dimanche 23 mars, à la cathédrale à cette intention, suivie d’un repas partagé pour ceux qui veulent. »
Pas de prise de parole de victime lors de l’office mais des extraits de témoignages de victimes, recueillis par la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église), seront distribués à la sortie de la messe. Histoire de rappeler, si besoin était, que « le travail sur les violences sexuelles est loin d’être terminé », comme l’affirmait récemment Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, dont le mandat touche à sa fin.
Son successeur sera désigné lors de l’Assemblée plénière des évêques de France, qui aura lieu du 31 mars au 4 avril, à Lourdes. Véronique Garnier a été conviée sur place (comme deux autres du diocèse et tant d’autres en France) pour témoigner, inlassablement, du sort des victimes, de la nécessité de les reconnaître et surtout de faire en sorte que ces violences cessent. « C’est un vrai combat. On sent qu’il y a un frémissement, même si c’est minime par rapport à ce qu’on attend. »
Témoignages. Vous êtes ou avez été victime d’abus sexuels au sein de l’Église ? Il n’est jamais trop tard pour en parler. Plusieurs canaux existent :
– France Victimes dans le Loiret (AVL) : 02.38.62.31.62 ;
– cellule écoute des blessures du diocèse d’Orléans au 06.42.08.26.03 et par mail à [email protected] ;
– écrire au procureur de la République.
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