Enquête étudiante – En Bretagne, l’enseignement catholique est-il encore vécu comme une tradition religieuse ?
Ce travail d’enquête a été mené dans un cadre universitaire par sept étudiants en journalisme de l’IUT de Lannion. De la thématique générale de la religion, un large balayage de l’actualité et des problématiques liées a conduit à un paradoxe : la pratique de la religion catholique baisse alors que, dans le même temps, la proportion d’élèves scolarisés dans le réseau de l’enseignement catholique en Bretagne augmente.
A travers sept épisodes, Steven Couzigou, Chloé Crochu, Naomie Jourand, Valentin Longuet, Paul Louault, Théo Quintard et Matthieu Renard apporteront des éléments de réponse à la question suivante : En Bretagne, l’enseignement catholique est-il encore vécu comme une institution religieuse ?
Enquêtes d’actu publie ce travail dans le cadre d’un partenariat signé avec cette école de journalisme.
Près de 40 % des lycéens bretons sont scolarisés dans les établissements privés catholiques, sous contrat avec l’État. Samuel Gicquel, chercheur en histoire contemporaine à l’Université de Rennes 2, éclaire cette spécificité régionale, fruit d’une histoire ancienne entre l’Église et les Bretons.
Actu : Comment expliquez-vous l’importance de l’enseignement catholique en Bretagne ?
Samuel Gicquel : Cela a évolué au fil du temps. À l’origine, c’est bel et bien la motivation religieuse qui poussait la population à se tourner vers l’enseignement catholique. Pour que l’enseignement catholique soit fort, il faut des gens qui le portent et il faut des clients qui soient intéressés par la perspective d’y aller. On retrouve ces deux facteurs dans des régions de fortes pratiques catholiques. La Bretagne en fait partie. C’est dans cette région que l’enseignement catholique fait ses meilleurs résultats avec l’académie de Nantes.
Pourquoi le catholicisme est-il si bien implanté ?
S.G. : C’est extrêmement complexe à expliquer. Il y a sans doute quelque chose qui s’est joué pendant la Révolution française en Bretagne. À l’époque, énormément de prêtres refusaient de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Dès lors, il y a eu une réaction très forte de la population face à la politique antireligieuse menée par les révolutionnaires. À partir de ce moment-là, une culture locale s’est tissée autour de l’élément religieux, comme si la dimension catholique était un élément constitutif de la culture bretonne.
« Seulement 10 % pour des raisons religieuses »
Ces dernières décennies, la religion catholique, comme les autres, est sur le déclin. Comment cela a-t-il affecté l’enseignement privé breton ?
S.G. : Si on prend les cinquante dernières années, tout ce qui possède une étiquette religieuse est globalement entré en crise en Bretagne, comme dans toute la France. Sauf l’enseignement catholique. Ses parts de marché actuelles sont à peu près les mêmes qu’il y a cinquante ans.
Les raisons de cette bonne santé sont plurielles : une question de proximité, de personnalisation, de cursus, de discipline. En quelque sorte, l’enseignement catholique a réussi à trouver sa place dans un marché libéral. C’est grâce à cette mutation qu’il survit. Les familles ne mettent plus tant leurs enfants dans l’enseignement privé parce qu’il est catholique, mais plutôt parce qu’ils ont le sentiment qu’il permettra à leurs enfants d’avoir un bon niveau scolaire, de faire de belles études et d’avoir une bonne situation plus tard. Aujourd’hui, on estime à seulement 10 % les familles qui scolarisent leurs enfants pour des raisons religieuses.
Quel enjeu représente l’école pour l’Eglise en Bretagne ?
S.G. : L’Église a une opportunité d’attirer du monde à travers l’enseignement catholique. C’est l’un des derniers lieux où elle peut s’adresser à des milliers de jeunes simultanément. Elle peut donner une culture biblique, en parlant de Jésus… Le but : faire en sorte que ces éléments fassent partie des références culturelles des élèves.
Comment est dirigé l’enseignement catholique breton ?
S.G. : Aujourd’hui, les directions diocésaines de l’enseignement catholique ont pris beaucoup d’importance et essaient de chapeauter le tout. Mais il existe des établissements de cultures très diverses : certains sont historiquement des établissements diocésains, donc sous l’autorité de l’évêque, alors que d’autres sont sous l’autorité des congrégations. Il existe aussi des profils variés entre ceux de centre-ville qui possèdent des classes préparatoires depuis le début du XIXe siècle et les lycées ruraux qui se sont développés à partir des années 1960.
En revanche, du point de vue administratif, l’enseignement catholique essaie d’être uniforme. Ce sont les directions diocésaines de l’enseignement catholique qui sont à l’œuvre : elles se sont affirmées à la fin du XXe siècle et possèdent même une structure commune, le Conseil académique de l’enseignement catholique (CAEC). L’enseignement catholique se rapproche ainsi de l’enseignement public : sa gestion se fait par le haut.
Comment définiriez-vous le projet de l’enseignement catholique ? Quelles valeurs prône-t-il ?
S.G. : L’enseignement catholique essaie de proposer un projet qui transpose les valeurs de l’Évangile dans le domaine éducatif. La question qui se pose est de savoir comment cela se traduit dans un projet scolaire. Qu’est-ce que cela signifie en termes de pastorale, de projet scolaire ? Passe-t-on par une réflexion sur les textes bibliques ? Est-ce de l’humanitaire, au niveau du quartier, au niveau international ? Ces questions évoluent au fil du temps, en fonction des modes et des influences culturelles.
« L’enseignement catholique est une institution très souple et c’est sa force »
Comment le religieux s’affirme-t-il dans les établissements catholiques aujourd’hui ?
S.G. : Dans les années 1970-1980, c’est-à-dire aux années du début de crise du catholicisme, des établissements ont reconverti leur chapelle. Certains l’ont convertie en CDI, en salle de sports. Dans les établissements récents, il y a une volonté d’avoir une chapelle bien visible. Le cas du lycée Jean-Paul II à Saint-Grégoire (Ille-et-Vilaine) est tout à fait emblématique. L’établissement a été construit au début du XXIe siècle avec une chapelle relativement modeste, mais les architectes ont pris soin de la rendre particulièrement visible. C’est une manière de montrer que l’enseignement catholique n’est pas mort.
La publication de l’indice de position sociale (IPS) des établissements scolaires montre que l’enseignement privé concentre les élèves les plus favorisés. Le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, a récemment réagi en parlant d’un manque de mixité sociale et d’un taux de boursiers trop faible. Qu’en est-il en Bretagne ?
S.G. : Au niveau de la France, il est indéniable et prouvé statistiquement que l’enseignement catholique draine davantage d’enfants issus de familles aisées que dans le public. Cela s’explique par le fait que l’enseignement catholique n’est pas soumis à la carte scolaire et qu’il est donc possible d’inscrire son enfant dans l’établissement de son choix. À l’échelle de la Bretagne, ce phénomène existe, mais il est moins visible. L’enseignement catholique est fort en Bretagne, car beaucoup de personnes d’Église se sont appliquées à développer l’instruction dans les milieux populaires, notamment dans les campagnes, comme les Frères de l’Instruction chrétienne, les Lassaliens et les filles du Saint-Esprit.
Au XIXe siècle, l’enseignement catholique s’adressait à tout le monde. Aujourd’hui, l’enseignement catholique en Bretagne a plutôt tendance à mieux recruter dans les quartiers relativement aisés. Ce n’est pas un hasard si les derniers établissements qui se sont créés dans l’agglomération rennaise se sont implantés à Saint-Grégoire, à Cesson-Sévigné… Des communes aisées de la métropole.
Face à la baisse démographique, l’enseignement catholique pourrait-il disparaître ?
S.G. : L’enseignement catholique n’est pas en crise et rien ne laisse penser qu’il puisse disparaître. Quand on voit qu’il est capable d’intéresser 35-40 % de la population scolaire en Bretagne, ce n’est pas rien. C’est une institution très souple, capable de s’adapter et c’est sa force.
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