L’année 2023 accuse une chute brutale : seules 88 auront lieu en France, contre 122 l’an dernier et 130 en 2021.
L’Église de France franchit un nouveau cap dans la chute des ordinations sacerdotales. Le dernier week-end de juin est traditionnellement celui où les séminaristes se présentent devant leur évêque pour être ordonnés prêtres diocésains. Ils étaient une centaine par an entre 2000 et 2010, environ 80 la décennie suivante, 81 en 2020, 79 en 2021, 77 en 2022 et… 52 en 2023. Soit un déclin brutal.
Si cette tendance se confirmait, le nombre d’ordinations de prêtres diocésains aurait baissé de 50 % en deux décennies. Du jamais vu, même s’il faut attendre pour confirmer la pérennité d’un tel décrochement. Il est pourtant probable, les entrées étant de plus en plus rares. Des séminaires importants ont été récemment fermés à Lille et à Bordeaux. Il faut sept années de formation pour mûrir une vocation, avec un taux de perte d’un candidat sur deux.
Il y a peu de vocations mais chaque exemple est extraordinaire, quel témoignage!
Le père Thomas Poussier
Le diocèse de Paris commence même à trembler : en septembre 2023, seulement quatre candidats se sont présentés en première année du séminaire. Et seulement 5 prêtres seront ordonnés ce 24 juin en l’Église Saint-Sulpice de Paris. Ils étaient 10 en 2022, 12 en 2021. Heureusement pour l’Église, il y a aussi des ordinations de prêtres dits « religieux ». Ils ne dépendent pas d’un diocèse et d’un évêque mais d’une congrégation religieuse ou d’un mouvement ecclésial. Ils sont 37 cette année.
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La communauté Saint-Martin en ordonne 7, la communauté charismatique du Chemin neuf en compte 6, la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, traditionaliste, en totalise 5, les dominicains de la province de Toulouse 4, même chiffre pour les oblats de Saint-François. D’autres comptent une seule ordination : les Jésuites, la Communauté Saint-Jean. Deux seront ordonnés pour la communauté de l’Emmanuel, charismatique, les Assomptionnistes ou les Bénédictins.
Si l’on additionne ces prêtres « religieux » et les « diocésains », il y aura au total 88 ordinations cette année en France, selon l’épiscopat. Toutes catégories cumulées, ils étaient 122 en 2022, 130 en 2021, 124 en 2020. Même avec ce renfort « religieux », la chute est spectaculaire cette année.
Cette crise des vocations n’est pas seulement française, mais européenne. Elle est également très notable en Pologne mais aussi en Italie, ce qui commence à inquiéter le Vatican. L’Amérique du Nord n’est pas épargnée, pas plus que l’Amérique latine.
La spécificité de la France est d’enregistrer une bonne tenue des ordinations dans les institutions de sensibilité traditionaliste ou très classique. Ainsi de la communauté Saint-Martin ou de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre. Autre particularité française : le diocèse de Fréjus-Toulon, où le Vatican a bloqué les ordinations en 2022. La décision était liée aux difficultés rencontrées par Mgr Rey dans sa gouvernance. Mais d’autres ordinations étaient aussi prévues en 2023, soit un total de 10 séminaristes. Tous sont actuellement empêchés d’être ordonnés.
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Comme toute l’Église, le père Thomas Poussier, 43 ans, s’émeut de cette pénurie. Recteur du séminaire d’Aix-en-Provence, qui compte 23 séminaristes pour six diocèses, hors celui de Toulon, il veut pourtant rester positif : « Il y a un essoufflement depuis quelques années dans tous les métiers à vocations, comme l’enseignement. Les affaires d’abus sexuels ont joué mais les adultes qui rentrent au séminaire le font en connaissance de cause. Le climat de sécularisation, de baisse du nombre de chrétiens n’aide pas non plus. Cela n’est pas évident pour un jeune qui veut donner sa vie au Seigneur de se projeter avec des charges de travail pastoral parfois très lourdes et des problèmes d’équilibre de vie. L’abolition du célibat ne résoudrait pas la question, au contraire, ce choix est mûrement réfléchi. Il y a peu de vocations mais chaque exemple est extraordinaire, quel témoignage ! Ce n’est donc pas seulement une question de chiffres. »
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