Influenceurs catholiques : les nouveaux visages de l’Église

Influenceurs catholiques : les nouveaux visages de l’Église

Sur le papier peint scotché au mur, la scénographie de Victor, l’influenceur plus connu sous le nom de « catho de service », est particulièrement soignée. Une icône de l’Esprit Saint surplombe une étagère, sur laquelle est posé un crucifix. Juste en dessous, un exemplaire du catéchisme de l’Église catholique, et une fausse plante verte, « parce que de son sein coulent des sources d’eau vive », plaisante Victor, pour conclure sa « petite théologie du décor ».

Cette scène, qui fait face à de volumineuses installations d’éclairage, est tournée vers l’objectif d’une caméra flambant neuve. Depuis octobre 2023, Victor, 24 ans, se consacre à temps plein à son activité d’« influenceur ». Il a investi dans un matériel de pro, et son studio occupe désormais une grande partie de son petit appartement, niché dans les étages d’un presbytère du 3e arrondissement de Paris.

Avec plus de 48 000 abonnés sur Instagram, le « catho de service » est l’une figures de proue du phénomène des influenceurs catholiques français. En octobre 2020, quand il a débuté ses vidéos pour répondre aux questions sur sa foi, dans sa chambre chez ses parents, quelques personnalités émergeaient déjà sur les réseaux sociaux, répondant à une soif de spiritualité, notamment chez les jeunes.

Rapidement, des têtes d’affiche s’imposent : le père Matthieu Jasseron, prêtre du diocèse de Sens-Auxerre, perce sur TikTok (1,2 million d’abonnés avant son retrait fin 2023) ; le frère Paul-Adrien d’Hardemare investit YouTube (360 000 abonnés) ; sœur Albertine, membre de la communauté du Chemin-Neuf, rencontre un succès certain sur Instagram (215 000 abonnés).

Devenus des figures du monde catholique, ils sont souvent des invités incontournables des grands rassemblements comme les JMJ ou le Frat et sont sollicités dans de nombreux diocèses. Aujourd’hui, ils cherchent à s’adresser au plus grand nombre, et leur notoriété dépasse le seul public catholique.

Évangélisation et affirmation du catholicisme

« Le pape l’a dit : Internet est un continent à évangéliser », affirme Victor. Cette mission est le lien entre des personnalités aux sensibilités aussi différentes que l’abbé traditionaliste Matthieu Raffray (81 000 abonnés sur Instagram) et sœur Albertine qui affiche une image de modernité. Globalement, les influenceurs catholiques « viennent plutôt d’un catholicisme classique, d’identité », observe le père Renaud Laby, prêtre du diocèse du Mans et docteur en sciences sociales des religions à l’École pratique des hautes études. « Leur contenu est dominé par l’apologétique et une dimension catéchétique », c’est-à-dire d’enseignement sur la foi chrétienne.

À l’exemple du Padreblog (90 000 abonnés YouTube), repris par le père Jean-Baptiste Bienvenu de la communauté de l’Emmanuel, avec deux autres prêtres. Dans ses vidéos, sur fond de vitraux colorés, en chasuble, il prêche comme à la messe. Les trois prêtres sont conscients qu’ils s’adressent, ces dernières années, à un public grandissant de « recommençants ». C’est pourquoi ils s’évertuent à fournir « un cadre et un catéchisme clair ». De son côté, Victor, pour prouver la véracité du catholicisme, utilise sans complexe l’apologétique, ou la défense rationnelle de la foi.

Dans un style un peu différent, encouragée par la percée de ces influenceurs catholiques, Claire Sallé de Chou n’hésite plus non plus à faire transparaître spontanément sa foi dans les dessins qui retranscrivent son quotidien. Auprès de ses 17 000 abonnés, « Claire S2C » veut incarner une image « lumineuse et plus moderne » de la femme catholique. « Ce qui transparaît dans ce phénomène des influenceurs, c’est le désir de réinvestir la sphère publique et de redorer l’image du catholicisme », analyse le père Renaud Laby.

Un mouvement qui se structure

Sous l’impulsion du frère Paul-Adrien d’Hardemare, des dizaines d’influenceurs catholiques se sont rassemblés fin 2022 lors d’une première soirée, organisée à la Conférence des évêques de France. De là naît le réseau Acutis. Financé et coordonné par le Fonds du bien commun, il compte aujourd’hui une soixantaine de membres. De vidéos tournées ensemble jusqu’aux formations prodiguées par des agences de communication, le réseau vient nourrir en compétences les influenceurs, pour booster leurs audiences : charte graphique efficace, thèmes populaires et titres accrocheurs…

Pour autant, tous les moyens sont-ils bons pour « inonder les réseaux » ? « Il faut s’imposer des limites morales, pour ne pas avoir comme seul critère la maximisation des audiences », assure le père Jean-Baptiste Bienvenu. Ce prêtre du diocèse de Versailles rend compte annuellement du contenu du Padreblog à son évêque. Son activité numérique a lieu sur son temps libre et conserve une « complète liberté éditoriale et de ton ».

Régulation

De fait, le phénomène s’est développé en marge de l’institution de l’Église, à tel point qu’il peut exister une forme de « concurrence » alors que « la parole de l’institution a désormais moins de valeur que les stars des réseaux, forts de leurs réseaux d’affinité», estime le père Renaud Laby. Comment l’Église peut-elle réguler ce phénomène ? Et est-ce seulement possible ? Si sœur Albertine et le frère Paul-Adrien sont mandatés par leurs communautés, la plupart n’attendent pas d’être missionnés, comme le voudrait le droit canonique, pour s’exprimer sur les réseaux sociaux.

Le réseau Acutis offre un cadre de régulation mutuel et permet de ne pas rester isolés. Car derrière l’exposition médiatique, c’est la starification qui guette les influenceurs chrétiens. Ainsi, lorsqu’il a quitté les réseaux, le père Matthieu Jasseron a admis que son succès flattait parfois « un orgueil pas toujours très ajusté ».

« C’est l’un des thèmes centraux de nos rencontres», admet Anne-Louise Moiroud, qui coordonne le réseau. « Il faudrait que l’Église puisse accompagner ceux qui le veulent, suggère le père Laby, en leur proposant une formation, sur l’évangélisation en ligne notamment, qui leur permette d’avoir une réflexion sur leurs pratiques. »

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Une soirée spéciale aux Bernardins

Vendredi 24 mai, la Nuit des influenceurs chrétiens est organisée au Collège des Bernardins, à Paris, soutenue par le Fonds du bien commun.

Après une première édition à la Conférence des évêques de France en septembre 2022, la soirée s’ouvre cette année aux autres confessions chrétiennes et doit rassembler près de 200 acteurs engagés dans l’évangélisation en ligne.

Animée par le frère Paul-Adrien d’Hardemare, la soirée sera retransmise en direct sur KTO, à partir de 20 heures. Pour mettre en lumière ces figures des réseaux sociaux, cinq prix seront attribués dans différentes catégories.

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