Musicologue et intervenant des Mises en Oreille proposées au public des Rencontres musicales de Vézelay, Nicolas Dufetel passe en revue les concerts des quatre jours de programmation de l’événement qui débute cet après-midi.
Le coup d’envoi de la 24e édition des Rencontres musicales de Vézelay sera donné ce jeudi 22 août 2024 en la collégiale Saint-Lazare d’Avallon, avant la parade d’ouverture et les premiers concerts sur la colline éternelle. En équilibre constant entre exigence de qualité et accessibilité, l’événement se veut construit autour de la notion de partage. C’est la raison pour laquelle six rendez-vous en compagnie des musicologues Guy Gosselin et Nicolas Dufetel, appelés Mises en Oreille, sont proposés au public en parallèle des concerts.
« L’idée, c’est de donner au spectateur des leçons de musique pour l’aider à décrypter les œuvres qui lui sont présentées », détaille Nicolas Dufetel. Des clés de compréhension qui passent notamment par l’explication du contexte historique et culturel de l’œuvre étudiée, selon lui. Le musicologue décrypte pour nous les quatre soirées musicales de ces Rencontres à la basilique-Sainte-Madeleine.
Les Vêpres de la Vierge
Le chœur de chambre de Namur sera le premier ensemble à se produire sur la scène de la basilique de Vézelay cette année. L’ensemble, présent pour la première fois aux Rencontres musicales, ouvrira les festivités avec Les Vêpres de la Vierge, de Claudio Monteverdi, « un véritable monument de l’histoire de la musique et de l’art, selon Nicolas Dufetel. Composée en 1610, cette œuvre s’est très vite imposée comme l’un des premiers monuments de la musique sacrée, tout en marquant un lien très fort entre la Renaissance et le début de l’ère baroque. »
Le programme complet des Rencontres musicales de Vézelay
Du contexte de sa composition, le musicologue souhaite retenir les motivations de Monteverdi. « Il se cherchait du boulot à cette époque. Il a composé ses Vêpres pour montrer de quoi il était capable. Il a transmis une copie de sa partition au pape (auquel l’œuvre est dédiée), avant de s’installer à Venise. Aujourd’hui, on parlerait d’un portfolio. »
Pénitence
Avec cette Pénitence, c’est un voyage dans le temps qui est proposé aux spectateurs par l’ensemble hollandais Cappella Amsterdam dirigé par Daniel Reuss. « Près de 400 ans séparent les deux œuvres qui composent le programme », précise Nicolas Dufetel. La première œuvre, une sélection des Psaumes de David, a été composée en pleine Renaissance par Rolland de Lassus. « C’est son grand œuvre, dans le plus pur style polyphonique de la Renaissance », note le musicologue.
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Viendra ensuite une sélection d’odes « typiques de l’école de musique vocale scandinave », écrites autour de 1997 par le compositeur estonien Arvo Pärt. « Ce qui est intéressant, avec ce programme, au-delà de l’écart temporel entre les deux œuvres, c’est aussi le choc entre une pièce dans la plus pure tradition catholique et une autre qui s’inscrit plutôt dans l’école de musique sacrée orthodoxe, qui a ses propres codes ».
La symphonie de Psaumes
Désormais habitués à se produire sur la scène vézelienne, l’ensemble Les Métaboles et son chef Léo Warinsky s’associeront cette fois à l’orchestre philharmonique de Strasbourg pour proposer un programme construit autour du chant et des instruments à vent, qui balaiera près de cent ans d’histoire de la musique, de Brahms à Stravinsky en passant par Brückner.
Des milliers de mélomanes attendus aux Rencontres musicales de Vézelay
Articulé autour de la Messe n° 2 en mi mineur, composée par ce dernier en 1869, une messe romantique dans la plus pure tradition viennoise et qui se veut comme un hommage à la Renaissance, le programme étend sa palette d’émotions « du funeste à la joie exultante ». « Avec cette Symphonie des Psaumes, on retrouve une fois de plus l’idée de rendre hommage aux traditions passées », décrypte Nicolas Dufetel. Le rendez-vous s’achèvera par le Pater Noster, Symphonie de Psaumes d’Igor Stravinsky, composée en 1930, en pleine période américaine du compositeur d’origine russe.
Résurrection
Une fois n’est pas coutume, les deux pièces qui composent ce programme ont été écrites à la même époque. « Jean-Sébastien Bach et Jan Zelenka sont des compositeurs de l’époque baroque, qui se connaissaient et se tenaient en haute estime », détaille Nicolas Dufetel. De cette association entre l’Oratorio de Pâques et la Messe Pascale, le musicologue garde l’image d’un « voyage au seuil de la pénitence mais jubilatoire, avec force trompettes » qui rend hommage à des œuvres centrales du répertoire sacré catholique et protestant.
C’est l’ensemble Vox Luminis, mené par le chef d’origine bourguignonne Lionel Meunier, qui aura la charge d’interpréter ces deux pièces lors du dernier rendez-vous de ces Rencontres musicales 2024.
Justin Escalier
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