Delors le catholique, la part cachée de son action

Delors le catholique, la part cachée de son action

Dans la pluie d’hommages qui ont accompagné la mort de Jacques Delors, sur fond de captations d’héritages, on a glorifié Delors l’Européen, Delors l’homme de gauche, le syndicaliste, le social-démocrate… Mais a été peu évoquée une dimension qui, pourtant, fut aux racines de tous les engagements de Jacques Delors et continua, toute sa vie durant, a irrigué sa vie : la dimension spirituelle.

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Jusqu’à son dernier souffle, l’homme restera un catholique pratiquant, fidèle et discret. Cette foi, il l’avait reçue en héritage de sa mère et la forgera avec son épouse, Marie Lephaille, avec laquelle il partagera la plupart de ses engagements. Delors agit dans le droit fil du christianisme social, dans la perspective tracée par l’encyclique Rerum novarum (1891) du pape Léon XIII, dont s’inspira Marc Sangnier en fondant, au tout début du XXe siècle, Le Sillon, mouvement populaire rassemblant bourgeois et ouvriers dans une vision commune de l’homme et de la société et qui influencera des générations de dirigeants politiques, économiques, sociaux, intellectuels – parmi lesquels Delors. Les chrétiens se partageaient alors entre l’Action française, à droite, et Le Sillon, à gauche. Le « delorisme » est le fruit de cette histoire-là.

Initié à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), l’engagement public de Jacques Delors est nourri de cette foi, de la CFDT – qu’il contribua à créer en 1964 – aux clubs Témoins, en passant par la Vie nouvelle, cercle inspiré par le philosophe catholique Emmanuel Mounier, le fondateur de la revue Esprit. L’Europe de Delors, il y faisait souvent référence, c’est celle des pères fondateurs, celle du Français Robert Schuman, de l’Allemand Konrad Adenauer, de l’Italien Alcide De Gasperi qui, aux côtés de Jean Monnet, réaliseront la réconciliation franco-allemande et bâtiront le premier édifice communautaire, la Communauté européenne du charbon et de l’acier (Ceca), cinq ans seulement après la fin de la guerre. Or Schuman, Adenauer, Gasperi, on l’a oublié, étaient de fervents catholiques. Tout comme le fut Helmut Kohl, celui qui fortifiera la construction européenne, avec Jacques Delors, l’un étant chancelier de l’Allemagne, qu’il réunifiera, pendant que l’autre présidait de la Commission européenne.

La dimension spirituelle de Jacques Delors, bien peu des (nombreux) politiques ou intellectuels lui rendant hommage l’ont évoqué. Emmanuel Macron y a fait une (brève) allusion dans son discours aux Invalides, soulignant « sa conviction profonde, nourrie par les cercles de pensée catholique, inspirés d’Emmanuel Mounier : entre la dictature des masses et l’impérialisme de l’individu, il existe une autre voie. Celle de la personne, avec sa liberté d’engagement, sa responsabilité à l’égard de la société ; oui, il existe cette voie humaniste européenne, la sienne ».

À LIRE AUSSI « Jacques Delors, c’était une méthode » Dans son homélie, prononcée aux obsèques de Jacques Delors, le samedi 6 janvier «  dans la plus stricte intimité », à Fontaine-la-Gaillarde, l’archevêque de Dijon – et premier vice-président de la Comece (Commission des épiscopats de l’Union européenne) – Mgr Antoine Hérouard, a affirmé que « le sens de ce qu’il a voulu donner à l’action politique prend sa source dans le commandement de l’amour chrétien ». Et le prélat de distinguer le « sens de son attachement européen » dans le discours de Bruges, en 1989.

« Il dit, a précisé Mgr Antoine Hérouard, après avoir lu Robert Schuman, Jacques Maritain, Emmanuel Mounier et d’autres, que c’est la lecture d’Hannah Arendt sur le pardon et la promesse qui a été pour lui une révélation : “Le pardon qui n’est pas l’oubli et la promesse que les nouvelles générations allemandes seront réintégrées dans l’histoire commune, cela m’a complètement convaincu et, à ce moment-là, j’avais compris que l’appel de Robert Schuman […] avait une haute valeur spirituelle, pas simplement politique mais spirituelle. Et ce jour-là, j’ai dit : Voilà, la voie est tracée” et ensuite il dit un peu plus loin : “Croyez-moi, nous ne réussirons pas l’Europe uniquement sur la base de l’expertise juridique ou du savoir-faire économique. […] si dans les dix prochaines années, nous ne sommes pas parvenus à donner une âme à l’Europe, à lui donner une spiritualité et un sens, les jeux seront faits.” »

Cet attachement à l’âme de l’Europe, dans la perspective des pères fondateurs, est aussi un héritage de Jacques Delors. Et non le moindre.


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