Dans la salle de la cour d’assises, où toutes les places ont été prises d’assaut, pas le moindre bruit. Juste la voix de Quentin, 43 ans, qui se brise parfois. Né au sein d’une famille catholique pratiquante, il a vécu « dans l’insouciance et la joie jusqu’à mes 9 ans ». Ses parents rencontrent De Scitivaux – « je n’arrive plus à appeler mon agresseur par son prénom » -, alors que Quentin rentre en CM2. « Il y avait une certaine fierté à connaître le curé. C’était comme un oncle, un membre de la famille ». Il lui demande d’être son parrain avant sa première communion. « Qui de mieux pour m’accompagner ? », dit-il.
« J’ai estimé à 130-150 agressions »
La première agression survient à Meung-sur-Loire (Loiret). « Il avait insisté pour que je dorme chez lui. Je me suis retrouvé dans son lit, dans cette chambre aux meubles noirs. Il se rappelle la porte intérieure de l’armoire, sur laquelle était collé un poster d’homme nu, en érection. « Il a commencé à me caresser, et ses caresses ont dévié sur mon sexe. » Il se souvient sa surprise, sa peur. Ce rituel abject va devenir systématique. « J’ai estimé à 130-150 agressions de mes 9 ans à mes 13-14 ans. Et une partie m’échappe ».
« C’est gravé en moi »
Un soir, De Scitivaux a voulu lui mettre un préservatif. « J’ai refusé. Je pense que ce soir-là, j’ai échappé à mon premier viol. » Il se remémore une nuit chez les parents du prêtre, dans une petite chambre, au dernier étage de la maison. « J’ai subi ses assauts toute la nuit. Je me souviens d’une douleur immense, de son poids quand il se mettait sur moi, de son haleine, puisqu’il m’embrassait en enfonçant sa langue dans ma bouche. Il était poilu, avec des grains de beauté. C’est gravé en moi. »
« Un regard satisfait »
Mais la majeure partie des abus auront lieu au domicile familial. « Il venait au minimum une fois, voire deux fois par semaine, et dormait régulièrement. Il a fait son nid chez nous. » Il n’y avait pas de chambre d’amis dans le pavillon. « C’était toujours le même processus. Moi et mes frères allions nous coucher. Mes parents et lui finissaient de dîner. Puis il montait. » Il raconte les viols. « Je me souviens toujours de son regard quand il terminait. Un regard satisfait. »
« Quand il fermait le verrou, j’y passais »
La famille a déménagé près de Compiègne (Oise) quand il est entré au collège. Toujours pas de chambre d’amis dans la nouvelle maison. « Il venait moins souvent. » Il raconte des épisodes insoutenables, pleure. « C’est bien simple, chaque fois qu’il dormait dans un endroit où je pouvais être, j’y passais. » Parmi les scènes, il y a celles survenues à Perros-Guirec (22), dans la colonie de vacances du Quinquis, où l’une des chambres avait un verrou. « Quand il fermait le verrou, j’y passais. » Quentin fut ensuite aide-animateur, puis moniteur dans ce centre de vacances. « J’avais développé une hypervigilance », dit-il.
« Le poids qui s’est libéré, physiquement »
Toutes ses années d’enfance bafouée, il les a enfouies. « Je me suis créé une carapace. Je suis en hypervigilance tout le temps. J’entends des bruits que personne n‘entend. J’entends mon compteur d’eau tourner ! » Il s’est marié en 2009, est devenu père d’une petite fille en 2010. Le traumatisme a remonté. « Comment peut-on faire ça à un enfant ? C’est une question que je me pose toujours. » En 2018, l’affaire éclate. « Intérieurement, je me suis dit : Enfin ! ». Quand l’adjudant-chef de la brigade de recherches d’Orléans l’appelle, il lui dit tout de go : « Je fais partie des victimes. Je me souviens du poids qui s’est libéré, physiquement ».
« Mes frères, impensable pour moi »
Mais cette délivrance est accompagnée de la découverte des autres victimes, ses frères. « C’était impensable pour moi. J’ai eu un sentiment de culpabilité. S’il y a une chose que je retiens de ce procès, c’est qu’il nous permet d’être tous les trois dans le même appartement, ce qui n’était plus arrivé depuis des décennies. » Depuis 2018, les répercussions sont partout dans sa vie. « Je n’ai pu en parler à ma femme, dans une crise de pleurs, que six mois après avoir été à la gendarmerie. J’ai eu un éloignement avec mon frère Hubert, que je ne comprenais pas. Je comprends maintenant. Nous avions des façons différentes de nous protéger. »
La demande de pardon n’évoque rien pour moi »
Quant à sa foi, « elle s’est brisée. Comment un prêtre peut faire ça à un enfant ? Je suis d’autant plus révolté quand je vois le nombre d’amnésiques dans l’Église. Le vicaire général, aujourd’hui évêque de Dax, ment quand il dit qu’il ne savait rien. Pour moi, c’est comme une agression. Je ne supporte pas. Pour moi, l’Église est une secte. Le 15 avril, veille de mon anniversaire, quand Notre Dame a brûlé, pour moi, c’était un signe de la colère de Dieu. Aujourd’hui, je ne crois plus en rien. Je me permets de vous dire que De Scitivaux a voulu s’excuser lors de la confrontation. Il m’a demandé pardon, en ajoutant : « Je lui conserve toute ma considération ». C’était un coup de poignard supplémentaire. J’attends une condamnation lourde. La demande de pardon n’évoque rien pour moi ».
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