Hussein Abdulwaheed Amin, ex-catholique, Irlande (partie 1 de 4): Introduction et parcours personnel


Introduction

J’ai rédigé le récit de ma conversion à
l’islam d’abord et avant tout pour ceux et celles qui songent à se convertir et,
surtout, pour ceux et celles qui, comme moi, sont issus d’un milieu chrétien
très pratiquant.  Bien que le christianisme et l’islam partagent beaucoup en
commun, des différences fondamentales demeurent, au sujet desquelles aucun
compromis n’est possible.  Ces différences ont surtout trait à la doctrine
chrétienne de la trinité et à la croyance selon laquelle Jésus serait un être
divin.  Passer de chrétien sincère, pratiquant et intellectuellement
insatisfait à musulman constitue donc, à certains égards, un long parcours
théologique.  En tant que personne ayant déjà emprunté ce parcours, j’espère
que mon carnet de voyage pourra en quelque sorte paver la voie de ceux qui
voudront l’emprunter à leur tour.  Ce qui me rappelle le hadith (paroles du
prophète Mohammed) suivant :

 « Une fois, un homme
marchant sur une route y vit une branche épineuse, qui l’obstruait.  Il la
retira du chemin et, pour cette action, Dieu lui pardonna ses péchés. » (Sahih
al-Boukhari
)

En racontant mon expérience pour que
puissent en profiter d’autres personnes intéressées par l’islam, j’aime à
penser que je retire ainsi une branche épineuse de la voie qu’ils pourraient
emprunter entre le christianisme et l’islam.

Lorsque je me suis converti à l’islam,
je n’avais pas encore accès à l’internet et je dus donc faire toutes les
recherches moi-même.  Il était essentiel, pour moi, que de mes recherches sur l’islam
découle une satisfaction intellectuelle et théologique.  J’espère que d’autres
personnes issues du même milieu que moi trouveront utile de connaître les
expériences que j’ai vécues lorsque je suis passé du christianisme à l’islam et
y trouveront un point de départ à leur propre quête spirituelle.

Mon parcours personnel

Je me suis converti à l’islam en
octobre 1998, à l’âge de 31 ans.  Je suis originaire d’Irlande, où je suis né
au sein d’une famille catholique pratiquante, mais j’ai passé la quasi-totalité
de ma vie adulte à l’étranger.  Au milieu des années 90, je tombai amoureux
d’une musulmane que j’avais rencontrée lors d’un voyage en terre d’islam.  Je
savais que si je souhaitais l’épouser,  je n’aurais d’autre choix que de me
convertir à l’islam, car il est interdit à une musulmane d’épouser un homme
d’une autre religion.  Pourtant, l’idée de devenir moi-même musulman ne me
souriait pas du tout.  En fait, bien que ma connaissance de l’islam fut
limitée, une mauvaise expérience, que je venais tout juste de vivre, dans un
autre pays musulman (où j’avais trouvé un emploi), m’avait rendu amer envers
tout ce qui touchait à l’islam et n’avait fait que renforcer certains préjugés
occidentaux que je nourrissais malgré moi.  Néanmoins, de retour en Europe au
printemps et à l’été 1998, je lus tout ce que je pouvais trouver, sur l’islam,
dans les bibliothèques publiques et universitaires (des livres principalement
rédigés par des non-musulmans) et je découvris, un peu étonné, que j’approuvais
au moins 90% de ce que je lisais.  Cette découverte me rendit plutôt
enthousiaste et je réalisai que j’avais fait l’erreur de juger l’islam sur la
base du comportement inadéquat de quelques-uns de ses fidèles plutôt que sur la
base de ses enseignements moraux et théologiques.

Jésus, le fils de Dieu?

Là où j’avais un réel problème,
toutefois, c’était par rapport au rôle de Jésus.  J’avais été élevé dans un
milieu catholique et on m’avait appris à croire à la trinité (le Père, le Fils
et le Saint-Esprit), trois personnes formant une seule divinité.  L’islam, de
son côté, rejette totalement une telle idée et enseigne l’unicité absolue de
Dieu (tahwid) et, plus précisément, que Jésus, bien qu’il fut un grand prophète,
n’était rien de plus qu’un être humain (et non une divinité).

 « Ô gens du Livre!  N’exagérez pas dans votre religion et
ne dites, sur Dieu, que la vérité.  Le Messie, Jésus fils de Marie, n’était
qu’un messager de Dieu, Sa parole qu’Il transmit à Marie et un esprit provenant
de Lui.  Croyez donc en Dieu et en Ses messagers, et ne dites plus
« Trois ».  Cessez!  Ce sera bien mieux pour vous.  Votre Dieu est un
Dieu unique.  Il est trop parfait pour avoir un fils. »
(Coran
4:171)

 « Le
Messie, fils de Marie, n’était qu’un messager.  Avant sa venue, des messagers
(comme lui) sont passés.  Sa mère était une femme véridique, et ils consommaient
tous deux de la nourriture. »
(Coran 5:75)

 « Mais
Jésus dit : « Je suis vraiment le serviteur de Dieu.  Il m’a
donné le Livre et m’a fait prophète. »
(Coran 19:30)

 « Sont
certainement mécréants ceux qui disent : « Certes, Dieu est le
Messie, fils de Marie. »
(Coran 5:17)

 « Ce sont certes des mécréants ceux qui disent : « En vérité,
Dieu est le Messie, fils de Marie », alors que le Messie (lui-même) a dit : « Ô
enfants d’Israël !  Adorez Dieu, mon Seigneur et votre Seigneur. » (Coran
5:72)

 « Et
lorsque Dieu dira, [au Jour de la Résurrection] : « Ô Jésus, fils de
Marie!  Est-ce toi qui as dit aux gens : « Prenez-nous, ma mère et
moi, pour deux divinités en dehors de Dieu » ?  Il dira : « Gloire
à Toi!  Il ne m’appartenait pas de déclarer ce que je n’avais aucun droit de
dire. »
(Coran 5:116)

L’islam, donc, prêche un monothéisme
pur.  Le fondement premier de l’islam est que Dieu est la seule et unique
divinité.  La sourate 112 du Coran est très explicite à ce sujet :

1. Dis : « Il est Dieu,
l’Unique.

2. Dieu, le Seul à être imploré pour ce
que nous désirons.

3. Il n’a jamais engendré et n’a pas été
engendré.

4. Et nul ne peut L’égaler. »

Je ne savais plus que faire.  Tout cela
était très étrange, pour moi.  Je ne pouvais tout simplement pas trahir Jésus.

Au niveau de mes croyances et de ma
pratique religieuse, je dois avouer que j’avais, à cette époque, cessé
d’assister à la messe dominicale depuis quelques années déjà, d’abord et avant
tout parce que j’étais agacé par les sermons à saveur politique et à contenu
non-religieux.  (Je préférais de loin les messes plus brèves et non-obligatoires
données en semaine, où je pouvais me concentrer sur mon adoration de Dieu, sans
aucune autre distraction, puisqu’il n’y avait pas de sermon.)  Mais d’un point
de vue purement théologique, je demeurais un fidèle catholique (par opposition
aux protestants).  Par exemple, sur la base de mon étude des évangiles, je
croyais aux doctrines de transsubstantiation et de succession apostolique. 
Pourtant, je nourrissais, dans un même temps, de sérieux doutes sur le
christianisme en général et, plus précisément, sur la doctrine du péché
originel et du besoin, par conséquent, de sacrifier Jésus, fils de Dieu, pour
sauver nos âmes.  Ces deux concepts sont totalement étrangers au judaïsme,
duquel le christianisme est censé découler.  Il demeure que la notion de Jésus
en tant que fils de Dieu avait été si enracinée en moi qu’il m’était
extrêmement difficile d’accepter une autre interprétation ou un autre point de
vue.

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