Photos : Joseph MELIN pour FC
De gauche à droite : Antoine Nouel, Olivier Péguy et Yves Bernanos réunis pour la première fois.
Voici réunis trois descendants des plus grands auteurs chrétiens du début du XXe siècle, Péguy, Claudel et Bernanos. Trois noms parmi d’autres qui auraient pu être Bloy, Green ou Mauriac. Ce dernier n’avait pas moins d’envergure, mais n’a pas eu la même postérité, enfermé sans doute dans une image de bourgeois catholique de province. Olivier Péguy, Antoine Nouel et Yves Bernanos sont de la même génération, proche de la soixantaine. Journaliste, comédien et réalisateur, ils sont tous les trois engagés dans des métiers de la voix, du verbe et de l’image, que leurs aïeux ne renieraient pas. Nous les avons réunis ensemble, ce qui ne leur était jamais arrivé auparavant, et nous avons été témoins de l’intérêt et de la joie qui les a animés lors des échanges passionnants auxquels ils se sont livrés avec liberté et pudeur.
« Je vais te laisser un grand nom difficile à porter qui te vaudra plus de tracas que d’avantages. Porte-le avec simplicité », avait dit Georges Bernanos à son dernier fils, le père d’Yves, à la fin de sa vie. Les trois hommes ne portent pas tous le nom de leur illustre ascendant – qu’aucun d’entre eux n’a d’ailleurs connu –, mais reconnaissent la grâce de cet héritage qui les oblige, sans renoncer à être pleinement eux-mêmes. À deux pas de la cathédrale Notre-Dame de Paris, où le jeune Paul Claudel rencontra Dieu derrière un pilier, installés à l’étage du restaurant Au Vieux Paris, dans ce petit salon faisant songer aux maisons de famille, les descendants de Péguy, Claudel et Bernanos nous parlent de la postérité, toujours vive, de leurs aïeux. Ils partagent avec Famille Chrétienne leurs souvenirs et leurs questions, jettent entre eux des ponts. Charles Péguy étant mort jeune, à 40 ans, en 1914, la rencontre avec les autres écrivains s’est donc faite par œuvres interposées. Claudel était contemporain de Bernanos, ils se connaissaient. Mais, de l’aveu même de leurs descendants, les auteurs catholiques majeurs de l’époque (Claudel, Mauriac, Bernanos) n’étaient en réalité pas très amis. Des lettres témoignent qu’aux moments cruciaux, ils ont su se rapprocher, agissant par là en véritables chrétiens. Nous sommes heureux de susciter un chemin qui permette à ces voix de porter encore. Descendants directs de trois auteurs chrétiens majeurs du XXe siècle, Olivier Péguy, Antoine Nouel et Yves Bernanos nous racontent cet héritage à la fois intime et universel.
(Raphaëlle Simon)
Comment avez-vous reçu l’héritage de vos aïeux Claudel, Bernanos et Péguy ?
Yves Bernanos – Quand j’étais adolescent, il nous arrivait de lire les épreuves des nouvelles éditions de Bernanos, pour les corriger à la demande de nos parents. Je me souviens d’avoir découvert, de façon fragmentaire, la préface des Grands Cimetières sous la lune, qui m’a imprégné fortement. Plus tard, comme mon père s’occupait beaucoup de l’œuvre de Bernanos, je me souviens des gens qui venaient à la maison : des créateurs, des réalisateurs, Pierre Cardinal, Maurice Pialat… et José Bergamin, un ancien républicain espagnol, catholique et poète. La présence de ces gens, fédérés par Bernanos, me touchait. Je trouvais très beau de savoir qu’une œuvre, une pensée et un homme pouvaient susciter des relations aussi fortes, avec des personnes aussi diverses, y compris à l’autre bout du monde. Et belle cette fraternité d’émotion que suscite le compagnonnage entre Bernanos et ses lecteurs. La force d’une œuvre passe par des chemins très mystérieux. Je l’ai constaté à travers ses adaptations cinématographiques comme le fascinant Mouchette de Robert Bresson !
Olivier Péguy – Il m’est arrivé aussi de rencontrer des gens qui avaient cheminé avec l’œuvre de Péguy, excessivement émus de voir un descendant de l’écrivain qui était leur compagnon de vie. Quand je suis entré dans mon école de journalisme à Lille, il y avait une figure de cette institution qui était de ceux-là. Il était très touché qu’un Péguy y soit étudiant, un futur journaliste qui signera Péguy comme le fit Charles, un siècle plus tôt. Et par ricochet je l’étais aussi. L’écrivain étant mort il y a plus de cent ans, l’héritage est très lointain. Mon père était le mandataire de la famille Péguy. Il nous a transmis cette responsabilité morale, à mon frère et à moi. Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur l’Amitié Charles Péguy, créée dans les années 1940 pour le sauver de la récupération partisane du régime de Vichy. Dans cette association, il y a de vrais spécialistes qui permettent d’entretenir l’intégrité de sa vie et son œuvre : le Péguy catholique indissociable du Péguy socialiste, le patriote du révolutionnaire, le polémiste du poète. Il est plus simple de ne pas être soi-même un spécialiste pour trouver sa place, indépendamment du célèbre ancêtre qui nous domine…
Quand j’étais étudiant à Sciences Po, à Grenoble, mes parents m’ont encouragé à lire Notre jeunesse qui faisait écho aux questions qu’on se pose à cet âge. Son exigence de justice, son engagement journalistique à « dire bêtement la vérité bête », selon sa célèbre phrase, a compté inconsciemment dans mes choix d’orientation professionnelle. Péguy dégage une aura morale qui m’engage. Dit rapidement : il n’était pas un clown de music-hall, ni dans sa vie, ni dans son œuvre !
Antoine Nouel – Claudel non plus ! (rires de tous). Je ne dis jamais que je suis un descendant de Claudel, ce n’est pas que j’ai honte, c’est que je me suis seulement donné la peine de naître et que je ne suis pas un grand spécialiste comme mon oncle François Claudel. Sur Paul, tout est dit, tout est fait. On l’aime, on ne l’aime pas. C’est un génie écrasant. Son œuvre est difficile à lire et à jouer pour les comédiens. J’ai davantage entendu parler de Camille Claudel que de Paul, parce qu’on n’avait pas le droit d’en parler, donc forcément on en parlait. Je suis issu de la branche de Reine, fille de Paul Claudel. Ma mère, Reine-Marie Paris de La Chapelle, qui est une femme invraisemblable, admirable, et pour moi un modèle, a sauvé les œuvres de Camille Claudel de l’oubli et du mépris. Elle les a récupérées alors qu’elles étaient dispersées aux quatre vents, chez des gens qui s’en fichaient, dans des porcheries en Pologne, des remises… À Brangues, en Isère, sur le palier de l’escalier principal du château familial, il y avait La Vague, la fameuse sculpture de Camille en onyx, avec les trois danseuses en bronze. On y jouait au tennis dessus avec mon cousin pour faire tomber les danseuses et on se faisait engueuler, non pas parce qu’on abîmait l’œuvre, mais parce qu’on faisait du bruit…
O. P. – Antoine, tu as confié que c’est difficile d’être auteur après Claudel. Et pourtant tu as écrit une pièce ?
A. N. – J’ai écrit très tôt, surtout après ma rencontre avec Jean-Laurent Cochet, mon maître de théâtre, qui m’a vraiment élevé, dans le bon sens du terme, qui m’a fait décoller de terre, et voyant ma nature ultrasensible, me l’a vivement conseillé. J’ai eu beaucoup de mal parce que je ne suis pas du tout cultivé comme l’était Claudel et que je dois vérifier mes mots dans le dictionnaire. Il y a sept ans, mon neveu Guillaume m’a offert à Noël Les Mains du miracle, de Kessel, racontant l’histoire de Felix Kersten, le masseur personnel de Himmler, qui a sauvé une centaine de milliers de victimes du nazisme, juifs pour la plupart. Je l’ai dévoré dans la nuit et le lendemain je me suis dit : « Je ne suis pas auteur, je ne suis qu’un simple comédien, mais je m’en fous, je vais écrire une pièce. » Deux mains, la liberté [jouée en 2023 au Studio Hébertot, à Paris, Ndlr] m’a occupé pendant six ans.
Pour vous, qu’est-ce qui fait de vos ancêtres, Bernanos, Péguy et Claudel, des grandes voix chrétiennes autant que des auteurs universels ?
Y. B. – Derrière les grandes figures morales qu’on y voit, Péguy, Bernanos et Claudel sont d’abord des poètes et les poètes sont libres, par définition. Ils n’appartiennent à personne. D’ailleurs Bernanos disait : « Je ne suis pas un écrivain catholique, je suis un catholique qui écrit. » Tous les grands auteurs nous font percevoir la mesure exacte et la valeur la plus profonde de la vie. Ce sont des gens qui ont une relation aux autres, une présence au monde tellement fortes, tellement intenses, et qui sont en même temps tellement épris de vérité, qu’ils nous donnent, à nous aussi, une raison d’être nousmêmes, profondément. Et ça, c’est un trésor inestimable.
O. P. – S’il y a un mot qui rime avec la présence dont parle Yves, c’est l’Espérance. Malgré les galères et la noirceur du monde ou de nos vies quotidiennes, il y a quelque part la lumière de l’Espérance. C’est elle qui a porté Péguy, malgré une vie difficile, un succès qui ne venait pas…
Quels rapports personnels entretenez-vous chacun avec la foi catholique ?
A. N. – Claudel m’a inspiré la foi. À travers la lecture de L’Annonce faite à Marie, du Partage de midiet surtout de « La Vierge à midi ». Quand vous êtes enfant et que vous apprenez que votre aïeul raconte qu’il a été visité, à 18 ans, le 25 décembre 1886, au deuxième pilier de Notre-Dame, au moment du Magnificat et que toute sa vie a changé ensuite, ça fait quelque chose. Claudel a continué à pécher, il n’était pas un enfant de chœur. Même le Christ a eu une faiblesse, quand il a dit sur la croix : « Père, Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » C’est une parole qui le rend humain, sinon ce serait un extraterrestre. Je suis très croyant, mais je trouve que la doctrine de l’Église n’a plus rien à voir avec l’enseignement du Christ. Elle devrait être un temple de bonheur, de sourires, de partage, et, souvent, c’est l’inverse. Cela ne sert à rien de croire uniquement pour croire, mais croire parce qu’Il est là et qu’Il a donné sa vie. Jésus est mon idole. Mais je n’ai pas son courage, je crois qu’au premier clou, je dirais : « Non, non, non, je ne le connais pas… »
O. P. – Je suis de tradition, de culture et de pratique catholique. Pas une grenouille de bénitier, mais d’une foi à la Péguy, qui est toujours resté sur le porche de l’église, avec des positons très critiques par rapport au clergé, et ce n’est rien de le dire. En même temps, il avait une foi extraordinaire. Donc je rejoins un peu Antoine sur cette foi qui n’est pas simplement une parole récitée à la messe, mais qui nous oblige à nous interroger ; où rien n’est jamais acquis, où l’on peut ne pas trop se reconnaître dans certaines positions de l’Église, où l’on questionne le Credo au quotidien, dans nos vies, dans nos engagements.
Y. B. – Moi, je suis un peu un intermittent de la croyance : « la foi, c’est vingt-quatre heures de doute moins une minute d’espérance » [Georges Bernanos, Ndlr].
C’est un peu le point commun de vos aïeux !
Tous – Apparemment, oui !
À l’école, comment étiez-vous considérés avec les noms que vous portez ?
Y. B. – C’est, bien sûr, très anecdotique, mais à l’école primaire, où je n’étais pas un très bon élève, une institutrice m’a dit un jour : « Quand on s’appelle Bernanos…»
O. P. –«… tu devrais avoir honte », oui, moi également j’y ai eu droit.
A. N. – Au concours du conservatoire, apprenant que je suis un descendant de Claudel, Daniel Mesguich m’a dit : « Mais tu aurais dû me le dire pour le concours, on t’aurait pris tout de suite…»
Y. B., O. P. – Oh !!!
Quelle anecdote, quel objet ou souvenir familial vous ont-ils le plus marqué ?
Y. B. – À la fin de sa vie, Bernanos écrivait Dialogues des carmélites et tenait en même temps un journal où il nota : « Le péché nous fait vivre à la surface de nous-mêmes. Nous ne rentrons en nous que pour mourir et c’est là qu’Il nous attend. » Ce sont quasiment ses derniers mots. Le rapport entre l’histoire du martyre des carmélites de Compiègne et la perception qu’il a de sa propre mort et du Christ, alors qu’il ne se sait pas encore malade, est incroyable. Le jour de ses obsèques à l’église Saint-Séverin, il n’y avait pas grand monde du Paris littéraire, à part Malraux. Mais à son inhumation au caveau familial du cimetière de Pellevoisin, dans l’Indre, sont venues des personnes que l’on n’attendait pas. À la sortie de l’église, au moment où l’on s’apprêtait à charger le catafalque, un groupe de républicains espagnols – ceux qu’on appelait les «Rouges de Madrid» – sont venus recouvrir le cercueil de leur drapeau aux trois bandes horizontales de couleur. Ça m’a profondément marqué.
O. P. – Moi, ce sont surtout des lieux. D’abord Villeroy, en Seine-et-Marne, où Péguy est enterré avec ses soldats morts à la guerre [Péguy était lieutenant, Ndlr]. Tous les ans, une commémoration y est organisée. La première fois que j’y suis allé enfant avec mes frères et sœurs, j’ai été saisi par la solennité de la sonnerie aux morts, de l’hommage rendu par la République à ses anciens combattants, dans cette plaine où l’on sentait tout le tragique de l’Histoire… Bien sûr, il y a aussi Chartres, le chemin qu’il a suivi de Paris à la cathédrale, que j’aimerais beaucoup faire à sa suite. Trois jours à pied. Dans l’esprit de Péguy, avec tout ce qu’il a porté dans son sac à ce moment-là, c’est très émouvant. Enfin, il y a Orléans, où il est né et où se trouve un musée avec toute son œuvre et une grande partie de ses objets. Sur une des places de la ville, il y a un buste de lui. On m’a rapporté que quand il a été installé il y a eu un bombardement allemand et un éclat d’obus s’est fiché au front à l’endroit même où Péguy a reçu la balle qui l’a tué en 1914, et que lors de l’inauguration un oiseau est sorti de ce trou.
Y. B. – A. N. – C’est fantastique…
A. N. – J’ai une fâcheuse tendance à la paresse, j’ai grandi dans le souvenir de la manière dont travaillait Paul Claudel au château de Brangues. Il se levait tôt, à 6 heures, faisait sa toilette et prenait son petit-déjeuner en une heure, puis allait marcher une heure dans la grande allée des tilleuls jusqu’à la petite maison, au bout de l’allée, qui s’appelle «Ticase», en pensant à ce qu’il allait écrire le lendemain, et ensuite, travaillait pendant une heure. Je dis toujours à ma fille que le but dans la vie n’est pas de travailler dix heures par jour, mais de travailler une heure par jour, par discipline, toute sa vie. La régularité. Pour les exercices de diction, «ba be bi bo bu, ka ke ki ko ku, je veux et j’exige, d’exquises excuses…», Jean-Laurent Cochet me disait : « Même si c’est trois minutes, fais ça toute ta vie, sinon faut pas être comédien. Pour être comédien il faut entrer en religion, sinon on peut être star, gagner de l’argent, mais on ne sera jamais comédien. » Moi, mon seul talent, c’est le travail. À l’époque, quand Cochet m’a demandé d’appeler Robert Hossein pour jouer le rôle de Christian auprès de Jean-Paul Belmondo dans Cyrano de Bergerac, j’ai répondu : « Bien sûr, je vais aussi faire Polytechnique et Saint-Cyr…» J’avais 26 ans, l’air d’en avoir 15, pour jouer l’amoureux de Roxane, qui avait l’air d’avoir l’âge de ma mère. Je me suis incrusté à l’audition, 175 candidats, et j’ai eu le rôle. (O. P., Y. B. applaudissent)
Comment transmettez-vous à vos enfants la mémoire de leurs célèbres aïeux ?
A. N. – Ma fille a 15 ans. Elle est plus touchée par Camille dont elle voit les œuvres chez sa grand-mère, que par Paul qu’elle n’a pas encore lu. Je n’ai pas envie qu’elle lise Le Soulier de satin, parce que sinon elle ne lira plus jamais un livre de sa vie [rires] ! Alors que « La Vierge à midi », L’Échange, Partage de midi, L’Annonce faite à Marie sont époustouflants…
Y. B. – J’ai deux fils de 30 et 27 ans. Ils ont surtout lu La France contre les robots, qui les a marqués. Ils ont vu les deux documentaires que j’ai réalisés sur Bernanos, ce qui pour moi est une manière de partager cet héritage avec eux. On en parle assez souvent. Son esprit révolutionnaire, son sens de la liberté, fondamentalement opposé à l’asservissement, à l’aliénation de la société de consommation, répond à la révolte que les jeunes portent au fond d’eux-mêmes. Cela fait plaisir de voir qu’aujourd’hui cette jeunesse, à laquelle Bernanos n’a cessé de s’adresser, peut recevoir cette voix comme une présence salutaire, éclairante et fraternelle.
O. P. – J’ai deux enfants : Thomas, 12 ans, et Colombe, 10 ans. Je suis né en 1973, cent ans après Charles Péguy, ma fille est née en 2014, cent ans après sa mort. Si on l’a appelée Colombe, au moment des commémorations de la guerre de 14-18, après toutes les horreurs vécues, ce n’était pas anodin. Ils sont encore trop petits pour le lire, mais nous essayons de leur transmettre cette filiation de pensée, une fidélité dans nos engagements, une capacité familiale à mettre en symbiose nos idées et nos actes, une mise à distance de la puissance de l’argent que Péguy a tant dénoncée…
A. N. [s’adressant à Yves et Olivier] – Si vous deviez choisir une œuvre, laquelle serait-ce ?
O. P. – Je te laisse répondre en premier, Yves.
Y. B. – C’est Le Journal d’un curé de campagne, la première que j’ai lue de Bernanos. En parlant de ce roman miraculeux, Mauriac disait qu’il avait été «dicté». On y retrouve les origines mêmes de Bernanos, les prêtres qu’il a connus enfant, l’esprit d’enfance à travers le personnage du curé d’Ambricourt, car ce prêtre est un enfant et c’est à ce titre qu’il accomplit l’impossible. Et la façon dont Bernanos met en lumière les relations humaines, montrant qu’elles sont le seul trésor dont on dispose, et qu’il est intarissable, jusqu’à la fin : « Qu’est-ce que cela peut faire ? Tout est grâce. » Les mots de Thérèse de Lisieux.
O. P. – Quant à moi, après mûre réflexion, c’est la Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres, le récit que Péguy fait de son chemin depuis Paris jusqu’à Chartres. Je n’aurais pas trouvé ce récit aussi bouleversant à 20 ans, mais en avançant en âge, je suis incroyablement ému lorsque je lis : « Quand nous aurons joué nos derniers personnages, / Quand nous aurons posé la cape et le manteau, / Quand nous aurons jeté le masque et le couteau / Veuillez vous rappeler nos longs pèlerinages. » Notre chemin sur Terre se terminera, mais il y aura une suite à ce pèlerinage.
Pour paraphraser le titre de l’essai que Claire Daudin a consacré à vos ancêtres (1), Dieu a-t-il besoin des écrivains ?
A. N. – Non, Dieu suffit à lui-même. La foi ne se transmet pas par l’écriture. C’est un état de grâce. On est touché ou on ne l’est pas. On a beau lire tout ce qu’il y a de plus beau sur Terre, cela ne pourra éveiller ou réveiller que ce qui était déjà là.
O. P. – J’irai dans le même sens qu’Antoine. Dieu pourrait très bien faire sans les écrivains, sauf que les écrivains apportent un supplément de beauté, une profondeur à la foi.
A. N. – Oui, les écrivains subliment la foi.
Y. B. – Je pense au Journal d’un curé de campagne et au Porche du mystère de la deuxième vertu, de Péguy, et je me dis qu’il n’est pas impossible que Dieu ne soit pas Lui-même étonné de ces œuvres, de l’inattendu et de la grâce dont l’homme est capable. « Qu’est-ce que cela peut faire ? Tout est grâce. » C’est plus fort que n’importe quel texte de théologien !
O. P. – Oui… « Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance », écrit Péguy.
(1) Dieu a-t-il besoin de l’écrivain ? Péguy, Bernanos, Mauriac, par Claire Daudin (Cerf).
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