De Mahomet à Jésus : heurs et malheurs des convertis de l’islam

De Mahomet à Jésus : heurs et malheurs des convertis de l’islam

« Les chrétiens sont des mécréants qui méritent une balle dans la tête. » Élevé en France au sein d’une famille salafiste d’origine algérienne, Raphaël a été bercé par ce discours durant toute son enfance. Jusqu’à l’âge de 18 ans, il a récité ses cinq prières quotidiennes, respecté le ramadan et s’est rendu tous les vendredis à la mosquée de son quartier. « Un jour, j’ai entamé un dialogue avec des catholiques pour les convertir à l’islam, mais finalement ça ne s’est pas passé comme prévu, relate-t-il.

Ils m’ont parlé du pardon et de la miséricorde de Dieu. Je les ai écoutés à titre informatif. Quelques mois après, je me suis rendu malgré moi dans une église avec l’un d’eux, et là, devant le Saint-Sacrement, j’ai été envahi par une paix, une joie, un amour qui m’étaient jusqu’alors inconnus. Une nuit, dans mon sommeil, le Christ m’est apparu et m’a tendu les bras. Toutes mes certitudes se sont écroulées. » Raphaël s’est alors installé dans une double vie : musulman aux yeux de tous, chrétien dans le secret de sa chambre, où il priait Dieu et lisait la Bible.

Chaque année en France, des musulmans se convertissent au catholicisme. D’après l’enquête « Catéchuménat 2024 » publiée ce 27 mars par la Conférence des évêques de France, 5 % des adultes baptisés cette année sont issus de familles de tradition musulmane, soit aux alentours de 350 personnes. « Ils sont en réalité plus nombreux, car ces chiffres n’incluent pas les 5 % de catéchumènes venant de familles de religions mixtes, c’est-à-dire avec un parent chrétien et l’autre pas. Or, dans la plupart des cas, ce dernier est musulman », rectifie un prêtre du diocèse de Paris. Le nombre de ces convertis reste de toute façon difficile à évaluer, car « beaucoup se cachent ou restent invisibles. Soit ils sont d’une discrétion absolue dans leur pratique religieuse publique, soit ils ne deviennent jamais paroissiens ou membres d’une église », indique l’European Centre for Law and Justice (ECLJ) dans un rapport publié en 2022 sur « La persécution des chrétiens ex-musulmans en France et en Europe ».

Pendant huit ans, Raphaël n’a rien dit à ses proches de sa conversion

Car le chemin de conversion qu’empruntent ces musulmans s’apparente bien souvent à un parcours du combattant. À l’instar de Raphaël, beaucoup se convertissent à la suite d’apparitions ou de songes. D’autres, aiguillés par des sites internet ou diverses lectures, suivent un cheminement plus intellectuel. « Pascal a été ma première grande rencontre catholique, au détour d’un passage des Pensées étudié en cours de littérature au lycée », témoigne Marie, 36 ans. C’est en s’interrogeant sur le Jésus du Coran que Pierre, né dans un milieu proche des Frères musulmans, est devenu chrétien : « On nous disait que Jésus était un prophète mais qu’il était interdit de lire l’Évangile. Je me suis plongé dans la Bible en me disant : soit ce que dit Jésus est faux et il ne peut pas être un prophète, soit ce qu’il dit est vrai, auquel cas ce que dit l’islam est faux », explique ce trentenaire qui a reçu le baptême la nuit dernière pendant la vigile pascale. Une cérémonie dont il n’a osé parler qu’à sa mère, par crainte de représailles.

« Une écrasante majorité de personnes quittant l’islam pour rejoindre le christianisme subissent une persécution familiale et communautaire. La conversion, qui implique l’apostasie, est condamnée dans le Coran et violemment condamnée dans les hadiths, ce qui justifie pour beaucoup de musulmans une persécution physique et morale des convertis », souligne en effet le rapport de l’ECLJ avant d’en détailler l’éventail : mépris, menaces, rejet, violences physiques allant des crachats jusqu’aux coups, voire au meurtre ; et pour les filles s’ajoutent parfois séquestration, viol ou mariage forcé…

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Pendant huit ans, Raphaël n’a rien dit de sa conversion à ses proches. Puis il a craqué en janvier dernier. « Mes parents m’ont renié. Ils ne veulent plus me voir mais ils m’envoient des messages et des vidéos de propagande pour m’expliquer que je vais aller en enfer, et eux aussi à cause de moi », confesse-t-il. Une douleur d’autant plus vive qu’il n’a pas été accueilli à bras ouverts dans l’Église catholique.

Avant de trouver un prêtre qui accepte de le préparer au baptême, trois paroisses l’ont rejeté. « Un curé m’a dit qu’il ne voulait pas avoir de problèmes, les deux autres m’ont expliqué que je pouvais rester musulman parce que j’avais déjà une religion qui était très bien aussi », révèle-t-il. Et depuis qu’il a été baptisé, Raphaël reste isolé. « Ma vie a enfin un sens, j’en suis heureux, mais quand je vais à la messe, il arrive que des gens me dévisagent comme si j’étais un terroriste, et je suis seul tous les dimanches et à chaque fête religieuse », se désole-t-il.

Des situations attestées par de nombreux convertis de l’islam. « Beaucoup sont largués et certains repartent même vers l’islam dont les communautés cultivent mieux l’esprit fraternel que les catholiques, note Vincent Neymon, directeur de Mission Ismérie, une association justement dédiée à l’accompagnement des convertis, en particulier musulmans. Nous leur permettons de se retrouver au sein de leur paroisse pour qu’ils échangent et s’épaulent. Nos bénévoles sont également formés pour sensibiliser la communauté paroissiale à leur accueil. » Des formations similaires à celles proposées par l’association Ananie, lancée en 2020 par le diocèse de Paris. Dans l’Église, certains commencent à se préoccuper du suivi de ces nouveaux baptisés, a fortiori lorsque la conversion implique une rupture familiale. « Les conversions de musulmans sont de plus en plus nombreuses et vont continuer d’augmenter. Leur intégration est un enjeu majeur pour l’Église catholique dont l’avenir repose en partie sur eux », analyse Vincent Neymon.

La fougue de certains d’entre eux pourrait contribuer à réveiller une Église en perte de vitesse. Car certains convertis n’hésitent pas à monter au créneau, comme le comédien Mehdi Djaadi, dont la pièce Coming out retrace le parcours de conversion avec humour et profondeur. Ou la journaliste Claire Koç, auteur de Le jour où je me suis convertie (Plon, 2023), qui ne comprend pas que la France « tente d’effacer son héritage chrétien » et célèbre une « foi chrétienne qui élève l’âme vers le beau et la perfection ». Thérèse, une jeune femme d’origine marocaine baptisée l’an passé, fait de l’évangélisation de rue : « Le problème est que les catholiques ont déserté le terrain et qu’ils se retranchent derrière une certaine tiédeur. Le franc-parler fait du bien. Si on est conscient que le Christ sauve et que Lui seul peut rendre heureux, il ne faut pas avoir peur de l’annoncer clairement. »

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