Dans « Apolline Matin » ce mercredi sur RMC et RMC Story, Nicolas Poincaré explique pourquoi le synode de l’Eglise catholique qui s’ouvre est assez révolutionnaire.
Un synode de l’Eglise catholique s’ouvre ce mercredi à Rome. Ce sont de longs débats qui doivent aboutir à la modification de la place des femmes. Et pour parler du rôle des femmes, c’est une véritable révolution qui va avoir lieu, car des femmes vont avoir droit à la parole. Ce n’était jamais arrivé dans l’histoire de l’Eglise catholique. Depuis le premier synode il y a 1.833 ans, jamais aucune femme n’avait été admise dans ces assemblées.
Elles sont 54, dont deux Françaises, ce mercredi. L’une d’entre elles, Nathalie Becquart, est une diplômée d’HEC, de philo et de théologie. Elle est entrée dans les ordres, s’est beaucoup occupée des jeunes et du scoutisme. Elle est passionnée de voile et capable d’être skipper sur un bateau. Mais elle a surtout fini au Vatican, nommée sous-secrétaire du synode des évêques. Ce qui veut dire qu’elle occupe à 54 ans le poste le plus important jamais obtenu par une femme au sein de l’Eglise catholique.
L’autre Française admise à participer à ce saint des saints s’appelle Anne Ferrand. Elle vient du diocèse de Rodez, où elle s’occupe des pauvres. Elle n’a pas sa langue dans sa poche. Elle dira au synode qu’elle veut remettre en cause la toute-puissance des évêques. Et ce sera justement un des thèmes de réflexion.
Les débats vont porter sur l’organisation de l’Eglise, sur la verticalité du pouvoir qui est effectivement entièrement entre les mains des évêques. Il va être question de plus de démocratie au sein des paroisses, de plus d’écoute des laïcs. D’autres sujets sensibles sont au programme des discussions: l’ordination des hommes mariés, le statut des divorcés, la possibilité pour les femmes de devenir diacres… Le synode va aussi aborder un sujet très tabou, celui de la bénédiction des couples homosexuels.
Les conservateurs heurtés
Tout cela heurte les catholiques les plus conservateurs, avec des dissensions qui sont rendues publiques, ce qui n’est pas habituel. Cinq cardinaux ont écrit au pape pour faire part de leur doute. Par exemple, sur la bénédiction des couples homosexuels, ils s’interrogent: est-il possible de laisser entendre que l’homosexualité ne serait pas contraire à la loi de Dieu?
Et le pape leur a répondu: le mariage ne peut être célébré qu’entre un homme et une femme mais, ajoute le pape François, « nous ne pouvons pas être des juges qui ne font que nier, rejeter, exclure ». Ce qui veut dire que le pape ouvre la porte à la bénédiction des couples de même sexe. Ce serait encore une fois une révolution.
Une autre révolution serait que des femmes puissent devenir prêtres. Ce qui inquiète de nouveau les conservateurs, qui l’ont écrit au pape. Et le pape François leur a répondu en rappelant que Jean-Paul II avait décidé de « façon définitive » que jamais les femmes ne pourraient être ordonnées.
Mais il ajoute qu’une “déclaration définitive” n’est peut-être pas aussi définitive que cela. Que l’on a le droit d’étudier la question, et d’étudier par exemple ce que fait l’église anglicane qui ordonne des femmes prêtres depuis 30 ans. Encore une fois, le pape ouvre des portes, avec prudence, mais il indique que la parole sera libre au cours de ce synode.
Tout cela pourrait aboutir à des réformes mais, comme on dit à Rome, « qui va piano va sano ». Les 365 personnes, dont les deux tiers sont des évêques, qui se réunissent ce mercredi vont discuter en petits groupes et en séance plénière dans le plus grand secret. Les débats ne sont pas publics.
Le 19 octobre, ils participeront tous à une prière pour les migrants et les réfugiés, parce que c’est l’autre combat du pape. Puis les participants rentreront tous chez eux et reviendront à Rome dans un an pour une deuxième session du synode. C’est à ce moment-là qu’il pourrait y avoir des votes et des décisions sur la démocratie dans l’Eglise et sur la place des femmes.
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