Enquête Dans les lycées catholiques de Bretagne, la religion passe au second plan

Enquête Dans les lycées catholiques de Bretagne, la religion passe au second plan
Le groupe scolaire Saint-Joseph-Bossuet, à Lannion (Côtes d’Armor), a organisé une journée porte ouverte à quelques mois de la rentrée scolaire 2023.
Le groupe scolaire Saint-Joseph-Bossuet, à Lannion (Côtes d’Armor), a organisé une journée porte ouverte à quelques mois de la rentrée scolaire 2023. (©Enquêtes d’actu)

Enquête étudiante – En Bretagne, l’enseignement catholique est-il encore vécu comme une tradition religieuse ?

Ce travail d’enquête a été mené dans un cadre universitaire par sept étudiants en journalisme de l’IUT de Lannion. De la thématique générale de la religion, un large balayage de l’actualité et des problématiques liées a conduit à un paradoxe : la pratique de la religion catholique baisse alors que, dans le même temps, la proportion d’élèves scolarisés dans le réseau de l’enseignement catholique en Bretagne augmente.
A travers sept épisodes, Steven Couzigou, Chloé Crochu, Naomie Jourand, Valentin Longuet, Paul Louault, Théo Quintard et Matthieu Renard apporteront des éléments de réponse à la question suivante : En Bretagne, l’enseignement catholique est-il encore vécu comme une institution religieuse ?
Enquêtes d’actu publie ce travail dans le cadre d’un partenariat signé avec cette école de journalisme.

Parents et enfants marchent sans trop savoir quelle direction prendre. Ils sortent des véhicules garés près d’un imposant bâtiment en pierres formant un H. Au groupe scolaire Saint-Joseph-Bossuet, à Lannion (Côtes-d’Armor), les 2 300 élèves, répartis de la 6e au bac+2 tourisme, et le personnel éducatif passent chaque matin devant une chapelle. 

Pour « la qualité de l’enseignement »

Large sourire aux lèvres, certains d’entre eux sont postés aux entrées et à l’intérieur du collège-lycée. Ils vont jouer les guides pour les familles venues conforter ou non leur choix d’un établissement en vue de la prochaine rentrée, ce samedi 4 février 2023. Parmi les ambassadeurs du jour, une fille aux cheveux roux en classe de sciences et technologies du management et de la gestion ou encore un garçon aux grands yeux noirs vêtu d’une cravate pour l’occasion. Un badge apposé sur leur poitrine permet de connaître leur identité et leur filière. 

En 2020, selon les diocèses de la région, ils étaient 123 100 collégiens et lycéens à avoir opté pour un établissement privé catholique en Bretagne, soit plus de 40 % des effectifs scolaires régionaux. À la sortie du CDI, Gilles Le Calvez avance aux côtés de sa fille Flavie. L’ingénieur pour Orange confie que la religion n’a pas compté au moment de l’entrée de son enfant en 6e et résume ainsi : « Nous avons choisi cet établissement pour la qualité de l’enseignement. » 

D’autres parents tiennent le même discours. « Nous ne sommes pas croyants, mais cet établissement est réputé. Nous sommes prêts à payer », explique un père de famille, employé de restauration collective, en tirant sur sa cigarette. « C’est ce lycée que je veux et pas un autre. D’ailleurs, je fais seulement ces portes ouvertes », raconte avec détermination une aspirante élève. 

Le groupe scolaire Saint-Joseph-Bossuet recense 2300 élèves.
Le groupe scolaire Saint-Joseph-Bossuet recense 2300 élèves. (©Enquêtes d’actu)

Le paradis des options

Lors de cette journée événement, la présentation du réseau de l’enseignement catholique, les labels, les options, tout y est… Des stands tenus par les professeurs, mobilisés en plein week-end, et même des petits fours… Les arguments ne manquent pas pour inciter les familles à scolariser leurs enfants. 

En 3e au collège Saint-Joseph, Flavie est une habituée des lieux. Si elle poursuit son cursus ici à présent, ce n’est pas pour la religion, mais pour une option. « L’éducation religieuse est seulement enseignée aux élèves de 6e et de 5e. Moi, ce qui m’intéresse, c’est le cinéma », livre la petite brune.

Comme le chinois, les arts plastiques et même le surf, c’est l’une des options facultatives proposées dès la classe de seconde. Les familles n’hésitent pas à venir des départements voisins pour en profiter. C’est le cas des Droniou. Ils arrivent du Finistère. « Le lycée de notre commune ne dispense pas l’Italien. Or, notre fille veut suivre ces cours. C’est un bon moyen de contourner la carte scolaire », justifient les parents.

« Les options sont plus intéressantes qu’au lycée Félix-Le-Dantec », estime quant à lui François Le Gall, en référence au lycée public de Lannion. On retrouve l’ingénieur en recherche et développement sous le préau fraîchement rénové. Sa voix couvre la musique qui provient de la fenêtre d’une des chambres de l’internat. Sa femme et lui ont inscrit leur fille Lucile dans des établissements privés depuis le début de sa scolarité. « L’aspect religieux n’a jamais guidé nos choix. C’est l’apprentissage du breton entamé à l’école primaire qu’elle va poursuivre au lycée qui nous conforte dans notre idée », confie le père de famille.

Mariette Le Jaouen et son mari ont scolarisé leur fille Maëline au groupe scolaire Saint-Joseph-Bossuet.
Mariette Le Jaouen et son mari ont scolarisé leur fille Maëline au groupe scolaire Saint-Joseph-Bossuet. (©Enquêtes d’actu)

« J’ai eu peur de ce côté endoctrinement »

Même Céline Lelong, professeure dans une école maternelle privée à Saint-Brieuc et pratiquante, n’accorde pas tant d’importance à l’enseignement religieux : « Ce n’est pas une priorité dans l’enseignement catholique, c’est un plus. Là où je travaille, 5 ou 6 élèves sur 140 y sont scolarisés pour cet aspect. » 

À Saint-Joseph-Bossuet, une offre de culture religieuse, aussi appelée « formation humaine », est pourtant proposée aux lycéens afin de « favoriser leur épanouissement en y intégrant les valeurs de l’Évangile », présente de manière nébuleuse l’établissement sur son site internet. « Avant de scolariser ma fille ici, j’ai eu peur de ce côté endoctrinement qui pouvait peut-être arriver », confesse Mariette Le Jaouen. « Mais, l’enseignement est très léger. » Excepté la chapelle au fond de la cour du collège, peu de signes sacrés se manifestent en cette journée de portes ouvertes. Il faut se rendre près du self, derrière un mur de pierres, pour voir une statue délaissée de la Vierge Marie.

La statue trône sur un morceau de palette.
Une statue de la Vierge Marie trône sur un morceau de palette. (©Enquêtes d’actu)

Nichées dans un coin entre les stands du latin et celui des arts plastiques, Elise Barreaud et Françoise Berthelot sont moins sollicitées que leurs voisins. Ces deux animatrices en pastorale conduisent un atelier qui permet à ceux qui le souhaitent d’approfondir leur foi et de la célébrer. Une palissade sert de support à quelques affiches derrière elles. Des mots colorés attirent le regard : « recevoir », « bienveillance », « humanité »… Avec des élèves, elles ont conçu la carte d’identité de Jésus. Y figurent son adresse, sa date et son lieu de naissance.

Le Christ a même le droit à son curriculum vitae. « Pour apprendre à mieux le connaître et faire découvrir la religion chrétienne », précise Françoise Berthelot, l’une des animatrices. Ainsi, on sait qu’il a exercé les professions de charpentier, prêcheur et rabbin. Un CV glorifiant puisque le fils de Dieu est aussi qualifié de « meneur d’hommes », « guérisseur » et « médiateur ».

Elise Barreaud et Françoise Berthelot répondent aux interrogations des parents.
Elise Barreaud et Françoise Berthelot répondent aux interrogations des parents. (©Enquêtes d’actu)

« Pas là pour faire du prosélytisme »

La pastorale est peut-être facultative, mais pas les ateliers de culture religieuse pour les 6es et les 5es. Une fois par semaine, ils retracent l’histoire des cultes jusqu’à aujourd’hui. À partir de la classe de 4e, les élèves sont conviés à la réflexion et à l’engagement dans la vie associative. Sont-ils nombreux à se consacrer à cette dimension sacrée ? « Les personnes manifestant un intérêt particulier pour l’enseignement religieux dispensé ici représentent un très faible pourcentage », avoue Valérie Raveneau, la cheffe d’établissement. 

Les lycéens, eux, assistent à des temps forts obligatoires à portée œcuménique durant l’année scolaire. « Ces débats les invitent à la tolérance et au respect de l’autre. Comme lors de la conférence entre l’imam Mehand Iheddadene et l’évêque Denis Moutel », précise Valérie Raveneau. « Certaines familles sont attachées à l’enseignement catholique. D’autres le voient comme une ouverture. Mais celles pour qui le critère religieux est le choix numéro un se tournent vers les écoles hors contrat », analyse l’animatrice de la pastorale, Françoise Berthelot. 

Comme 97 % des établissements privés en France, le collège-lycée Saint-Joseph-Bossuet a passé un contrat avec l’État. Il stipule que les pouvoirs publics prennent en charge les salaires et une partie des frais de fonctionnement de l’établissement. En contrepartie, les équipes pédagogiques doivent respecter scrupuleusement les programmes scolaires. 

Au stand de la pastorale, il n’y a toujours pas foule. « Des familles non croyantes sont venues nous voir parce qu’elles ont une crainte des discours que nous pouvons véhiculer. Nous leur assurons que nous ne sommes pas là pour faire du prosélytisme », ajoute Elise Barreaud, l’une des animatrices. Moment de flottement. Sa collègue, gênée par ses propos, la contrecarre : « Personne ne nous a fait part d’une quelconque crainte. » 

En début d’après-midi, Anne Allais, professeure de mathématiques, prend la relève. Cette quadragénaire aux cheveux blonds clarifie : « L’idée est de présenter aux enfants la base de la foi. Ils se questionnent beaucoup, mais parfois notre rôle est d’avancer les interrogations qu’ils n’osent pas poser. » Proche de l’assoupissement, elle est réveillée par la question d’un père de famille : « Je pensais que la pastorale avait un lien avec le chant. »

Les épisodes précédents :

« En Bretagne, l’enseignement catholique ne disparaîtra pas »

À Ploërmel en Bretagne, le nouveau lycée public inquiète encore

En Bretagne, l’enseignement catholique joue collectif face à la baisse démographique

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