Claire est sœur bénédictine. Elle a 57 ans. Elle arrive à la barre vêtue de sa chasuble, de sa cornette et de sandales. Elle semble avoir fait vœu de pauvreté, mais aussi de probité. Concentrée, sourcils froncés, elle raconte ses deux périodes en poste dans le diocèse d’Orléans, d’abord de 2001 à 2003, puis de 2007 à 2010.
«Ça me tombe dessus ! »
Au printemps 2008, un pèlerinage à Rome doit être mis sur pied. Le père Olivier de Scitivaux, rompu à de tels voyages, est chargé de l’organiser. Elle rencontre un père de famille. « Il me fait des allusions pour me faire comprendre qu’il est mécontent du patronage de De Scitivaux. Je comprends qu’il déplore des gestes répréhensibles mais ne précise pas la gravité des actes. Ça me tombe dessus ! ».
« Extrêmement mal à l’aise »
Elle s’en ouvre à un prêtre. Tous deux demandent audience au vicaire général, qui assure alors l’intérim à la tête du diocèse. « Ce qu’il m’a dit, c’est qu’une enquête interne avait été faite. Le père De Scitivaux avait tout démenti ».
Le pèlerinage a lieu. « Nous avons été extrêmement mal à l’aise. Son attitude, ses conversations avec les ados étaient tout à fait déplacées. Au retour, il leur demandait leur adresse pour dialoguer par messagerie ». Lors de ce même trajet retour, Olivier de Scitivaux lui dit : « Je vais dans le fond du car ». Elle raconte sa réaction : « Je me suis ostensiblement déplacée pour qu’il voie bien que j’étais vigilante ».
« Il avait un magnétisme malsain »
En 2010, elle rejoint un monastère et voit arriver, ô surprise, Olivier de Scitivaux en compagnie d’un groupe de jeunes. « Ah non, c’est pas possible ! », s’écrit-elle à la barre. Elle écrit à l’évêque. Il lui répond qu’Olivier de Scitivaux ne reconnaissait aucun problème de comportement. Mais à Lyon, l’affaire Preynat, un curé reconnu pédophile, éclate.
« Je lui en ai reparlé. Il m’a dit : « Ce sont des comportements contraires à la chasteté mais ce ne sont pas des abus sexuels » ». Elle n’en démordra pas : « Il avait un magnétisme malsain, et toujours une cour, autour de lui, de jeunes à l’âge ingrat, un peu fragiles, un peu isolés, moins mûrs… ».
« Ce serait bien de le surveiller »
Marie Paule, 67 ans, fut quant à elle bénévole, responsable d’une aumônerie qu’Olivier de Scitivaux dirigea avant elle, de 1994 à 1999. « Très peu de temps après ma nomination, trois femmes catéchistes et animatrices à l’aumônerie sont venues me voir pour me faire part de leurs préoccupations. Elles étaient choquées par certains comportements d’Olivier de Scitivaux ». Elle répercute, sans succès, le signalement à la responsable des aumôneries.
Elle renouvelle sa démarche peu après, car une mère de famille lui rapporte d’autres actes tendancieux. Elle aboutit devant le vicaire général, qui lui dit : « Ce serait bien de le surveiller ». Elle est un brin interloquée : « Ce n’était pas à moi de le faire ! ».
Son silence, « comme un aveu »
En 1998, des filles, outrées par des agissements du prêtre, annoncent qu’elles ne viendront plus à l’aumônerie. « Je redemande un rendez-vous au vicaire général. Il me dit : « Ce serait bon que tu ailles le rencontrer » ». Elle tombe des nues mais s’exécute. L’entretien a lieu en décembre 1998 : « Je lui décris la situation. Il m’a écouté, n’a pas cherché à nier. Il s’est tu ». Elle perçoit son silence « comme un aveu » mais est décontenancée.
« Ce n’est plus ton affaire et je te demande de te taire »
Au début de l’année 1999, elle fait part de sa volonté de démissionner. « En juin 1999, le vicaire général me convoque pour me dire que De Scitivaux était déplacé sur le secteur ouest d’Orléans ». Elle s’étonne : « OK, mais il reste toujours en poste ? ». Elle s’entend répondre : « Ce n’est plus ton affaire et je te demande de te taire ».
La responsable de l’aumônerie du secteur ouest viendra lui dire, quelques mois plus tard, « qu’Olivier de Scitivaux racontait que je répandais des rumeurs infondées à son égard », poursuit-elle, amère, avant de conclure : « C’était l’omerta. Il ne fallait pas ébruiter l’affaire ».
« Le début de mes cauchemars »
En janvier 2020, elle sera aux côtés de Jérôme, qui a révélé avoir été victime de viols. « Il m’a demandé de l’accompagner à l’aumônerie de Sichem (Orléans Centre, NDLR). Pour lui, la démarche était importante. Il était terrifié, comme s’il revivait les agressions. C’était bouleversant. Il avait la tête dans ses mains, il allait d’un lieu à l’autre. Il m’a confié ce qui s’était passé dans le grenier de l’aumônerie. Quand il y est arrivé, il a dit : « Ah, ce mur de briques rouges, c’est le début de mes cauchemars » ». Elle en a fini de son témoignage. Le président ordonne une pause. Une à une, les quatre victimes l’étreignent avec émotion.
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