Voyage au bout de la mort

Il en faut du cran pour un tel voyage. Caroline de Bodinat n’en manque pas, elle qui confesse sa « trouille abyssale », sa « panique animale » devant le corps d’un défunt. Cette intel- lectuelle parisienne a décidé, mue par le sombre désir de pénétrer ce qu’elle nomme « l’ultramort », la part indicible de nos existences éphémères, de s’immerger pendant des mois dans une entreprise de pompes funèbres, près d’Orléans. Chez les Caton, père et fils, croque-morts depuis cinq ­générations, qui ont convoyé tant des siens vers leur dernière demeure.

« J’ai toujours préféré les enterrements aux mariages », fanfaronne-t-elle, avant de rejoindre les hommes en noir « que l’on regarde sans voir » et sans réaliser qu’ils s’occupent des vivants éplorés, et soutiennent les familles effondrées. Ils ont appris, sanglés dans leur maintien impassible, à se tenir à distance des émotions. Mais, disent-ils, « parfois la nuit, on se réveille avec les défunts entre les bras ».

Caroline de Bodinat s’impose de coller aux basques de tous les corps de métier – conseiller funéraire, thanatopracteur, maître de cérémonie, porteur, marbrier. Elle mouille son chemisier, s’active avec eux, met la main à la silicone. Elle suit toutes les étapes, éponge de larmes refoulées, luttant contre la tentation de fuir, « les guiboles en barbe à papa ».

On découvre avec elle l’ordre de bataille d’un convoi funéraire. Tout est millimétré, réglé comme à l’armée. Aucun détail ne doit être négligé. La moindre imprécision est irrattrapable. Au chevet des morts, les artisans des pompes funèbres lui confient qu’ils trouvent un sens à leur vie. Mais l’enterrement d’un enfant reste le tabou absolu. Rien de plus dur à affronter.

Caroline de Bodinat n’élude rien. La découverte des corps jusque dans les circonstances les plus sordides, le frigo, la toilette attentionnée, la préparation, la précision des derniers gestes, les exhumations, et même l’opération technique de la crémation, processus de « transformation » que nul ne veut ni n’ose imaginer, où le mot « cendres » prend toute sa signification.

Avec son style crépitant, émouvant et drôle, ourlé de tourments personnels, ses reparties vives, son art acéré du portrait, sa compassion en flanelle, Caroline de Bodinat captive, touche, bouleverse. Avec empathie, dévoilant la réalité de cet indispensable métier de l’ombre, elle réhabilite les croque-morts, cette étrange corporation que nous n’osons ni regarder, ni approcher. Jusqu’au jour où…

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